(Investir au Cameroun) – Des spéculations relayées dans des médias, sur la base d’informations de coulisses, avaient d’abord laissé entendre que la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) figurait parmi les candidats à la reprise des parts détenues par le groupe sud-africain Tiger Brands dans sa filiale locale, Chococam. Mais son directeur général, Alain Olivier Noël Mekulu Mvondo, a démenti dans un communiqué publié le 13 septembre. « Cette information est totalement fausse », a-t-il déclaré, ajoutant que la CNPS reste engagée dans d’autres projets économiques nationaux.
Par ailleurs, plusieurs sources rapportent récemment que Cadyst Invest, le groupe dirigé par Célestin Tawamba – également président du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM) – serait « en train d’acquérir » Chococam pour environ 60 milliards FCFA (soit 100 millions USD au taux de change actuel). L’intéressé n’a pas réagi à ces rumeurs et s’est contenté de déclarer, dans les colonnes du quotidien public Cameroon Tribune, qu’il se prononcerait « en temps opportun ».
Une réaction qui sonne comme une confirmation implicite. En mai 2025, dans son rapport intérimaire couvrant les six mois clos au 31 mars, Tiger Brands avait confirmé que Chococam figurait sur sa liste d’actifs non stratégiques. « Les catégories et divisions considérées comme non stratégiques comprennent King Foods (…) et la filiale camerounaise Chococam », précisait le document. Il s’agissait là de la première indication publique explicite de la mise en vente de Chococam, en cohérence avec la stratégie du groupe visant à se désengager des activités jugées trop marginales ou sans synergie avec son portefeuille sud-africain.
La société avait alors informé ses investisseurs que le processus était en cours. « Diverses options sont étudiées pour les opérations restantes qualifiées de non stratégiques, lesquelles resteront pleinement opérationnelles jusqu’à ce que des décisions définitives soient prises. La direction demeure engagée à stimuler la croissance et l’expansion des marges au sein de ces activités tant qu’un plan de sortie viable n’aura pas été établi », indiquait Tiger Brands. Toutefois, au 17 septembre 2025, aucune information officielle ni communiqué de presse ne confirmait la signature d’un accord définitif concernant Chococam.
Entre-temps, le groupe sud-africain a détaillé la performance de sa filiale camerounaise sur le premier semestre. « Le recul du chiffre d’affaires de Chococam s’explique uniquement par l’appréciation du rand sud-africain (ZAR), car en monnaie locale, les ventes ont progressé de 1,1 % en volume et de 2,6 % en valeur par rapport à l’année précédente, portées par les segments gommes, confiseries et boissons », souligne le rapport.
Tiger Brands a également mentionné des difficultés opérationnelles, notamment la hausse du coût du cacao, mais salué les efforts de maîtrise des charges, qui ont permis une amélioration de 1,1 % du résultat opérationnel local. Pour la deuxième moitié de l’année, alors que le Cameroun se prépare à l’élection présidentielle, l’entreprise annonce vouloir « poursuivre les initiatives de gestion des coûts et renforcer l’innovation de valeur pour les consommateurs ». De quoi confirmer que, malgré le projet de cession, les activités se poursuivent normalement.
Pour les repreneurs potentiels locaux, de nombreuses interrogations demeurent autour du prix cible évoqué. Tiger Brands a déjà indiqué qu’à l’occasion de son retrait du Nigeria, la valorisation financière n’avait pas été l’élément déterminant de sa décision. Le processus de due diligence actuellement en cours reste confidentiel et n’offre pas une visibilité complète, même si le montant de la transaction pourrait jouer un rôle clé. Reste aussi la question du financement.
L’enjeu n’est pas seulement de mobiliser les fonds, mais aussi de réussir à les transférer hors de la zone CEMAC au profit de Tiger Brands. Dans les milieux d’affaires, certains supposent que Cadyst pourrait servir de relais à des investisseurs étrangers, mais aucune confirmation officielle n’est venue étayer cette hypothèse. En attendant l’issue du processus, les consommateurs continuent de savourer les bonbons et chocolats de Chococam.
Mercy Fosoh