CCA Bank Cameroun annonce son expansion au Tchad dans un timing qui interroge. Alors que la banque peine à rivaliser avec les mastodontes comme Afriland First Bank ou Ecobank sur son marché domestique, cette fuite vers N’Djamena semble révélatrice. Avec seulement 6,17% de parts de marché crédit face aux géants bancaires camerounais, l’institution cherche-t-elle des cieux plus cléments? Une stratégie d’expansion qui cache peut-être une réalité moins reluisante.
Quand David affronte Goliath sur le marché bancaire camerounais
Au Cameroun, CCA Bank occupe une position délicate face aux mastodontes du secteur. Malgré une 8ème place par l’encours de crédits, la banque ne pèse que 6,17% du marché face à des concurrents aguerris.
« Le marché camerounais reste dominé par quelques acteurs majeurs qui concentrent l’essentiel des flux », confie un analyste financier de la place de Douala. Cette concentration laisse peu d’espace aux nouveaux entrants pour se développer significativement.
Créée en 1997 à Bafoussam, CCA Bank a mis plus de deux décennies pour atteindre sa position actuelle. Un parcours laborieux qui contraste avec la puissance financière d’Afriland First Bank ou la couverture continentale d’Ecobank.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec un total bilan de 837 milliards FCFA en 2024, CCA Bank reste loin derrière les leaders du secteur bancaire camerounais qui affichent des bilans dépassant largement les 1000 milliards.
L’échappatoire tchadienne pour une croissance bridée
Le Tchad apparaît comme une bouffée d’oxygène pour CCA Bank. Avec seulement 5% de taux de bancarisation contre 12% en zone CEMAC, ce marché offre des perspectives que le Cameroun ne peut plus garantir.
L’annonce faite par Tahir Hamid Nguilin, ministre tchadien des Finances, intervient à un moment où la concurrence s’intensifie au Cameroun. Les banques établies renforcent leurs positions, rendant difficile toute percée significative.
Au Tchad, CCA Bank espère reproduire son modèle coopératif qui a fait ses preuves. Mais cette expansion ressemble davantage à une stratégie de contournement qu’à une véritable conquête de nouveaux territoires.
La progression de 46,7% du résultat net en 2024 cache une réalité : CCA Bank plafonne sur son marché domestique. Le Tchad représente-t-il la solution miracle ou simplement un palliatif temporaire?
Cette expansion vers N’Djamena marquera-t-elle un nouveau départ ou confirmera-t-elle les limites structurelles de CCA Bank?