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Cameroun – Santchou : interdiction totale des motos


C’est la stupeur à Santchou ! Le sous-préfet Honore Bidjel vient d’interdire, dès ce jeudi 23 octobre 2025, toute manifestation publique, la circulation des motos-taxis et la vente du carburant en bidons. Une mesure radicale justifiée par des « velléités de troubles à l’ordre public », alors que le pays attend les résultats officiels de la présidentielle. « On veut juste aller au marché, pas déclencher une guerre », murmure une habitante. La tension monte : jusqu’où ira cette vague d’interdictions à travers le Cameroun ?

Une mesure de sécurité ou de méfiance populaire ?

Selon le document signé par le sous-préfet de l’arrondissement de Santchou, Honore Bidjel, la mesure prend effet dès le 23 octobre à 6 heures et s’applique « jusqu’à nouvel ordre ».
Elle interdit toute entrée et sortie de motos-taxis dans plusieurs zones stratégiques : mairie, sous-préfecture, marché central, hôpital de district, et axes ELECAM-Panama.
Les autorités invoquent un objectif de prévention : « préserver l’ordre public face aux menaces de troubles ».

Mais sur le terrain, la réaction est amère. « C’est toujours les pauvres qu’on bloque », s’insurge un mototaximan rencontré près du stade municipal.
À Santchou, ces engins constituent souvent le seul moyen de transport. Les habitants redoutent déjà une paralysie économique.
« Comment les mamans vont vendre leurs produits au marché ? », s’interroge un commerçant du quartier Mirabeau.

Climat national tendu avant la proclamation des résultats

Comme à Douala, Bangou, Bafoussam ou Garoua, la décision de Santchou s’inscrit dans une série d’interdictions prises dans plusieurs villes camerounaises à l’approche de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
Les autorités redoutent des débordements ou des manifestations spontanées.
Mais pour de nombreux observateurs, ces mesures traduisent surtout la méfiance grandissante entre l’administration et les citoyens.

« C’est une punition collective. On nous empêche de vivre normalement parce qu’on suppose qu’on va créer le désordre », déplore un enseignant de lycée.
En parallèle, la vente des carburants en bidons et récipients est strictement prohibée — un dispositif déjà observé lors des périodes électorales sensibles au Cameroun.

Des habitants partagés entre peur et résignation

À Santchou, la peur de sanctions est réelle. L’arrêté stipule clairement que « tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par la loi ».
Pourtant, certains affirment qu’ils n’auront d’autre choix que de braver la mesure : « On ne peut pas laisser les malades sans transport, ou les élèves sans moyen d’aller à l’école », confie un mototaximan.

Cette situation relance un vieux débat sur la gestion sécuritaire des périodes électorales au Cameroun.
Entre volonté de prévenir et abus d’autorité, la frontière reste mince.
Sur les réseaux sociaux, plusieurs citoyens appellent à « des décisions plus humaines » et à un dialogue entre les forces de l’ordre et les populations.

En voulant éviter le désordre, le sous-préfet de Santchou risque d’attiser la colère d’une population déjà à bout.
Dans ce climat de méfiance et d’incertitude post-électorale, la question reste entière : ces mesures d’ordre public garantissent-elles vraiment la sécurité, ou accentuent-elles la fracture entre l’État et les citoyens ?



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