Un véritable séisme diplomatique secoue Yaoundé. Jim Risch, Président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, a publiquement remis en cause la réélection de Paul Biya, qualifiant le scrutin du 12 octobre de « mascarade ». Son message, publié sur X, va bien au-delà de la critique politique : il évoque corruption, répression et instabilité sécuritaire, attirant l’attention internationale sur la crise post-électorale que traverse le Cameroun. Dans les rues, beaucoup s’interrogent : cette déclaration est-elle un simple avertissement ou le début d’un changement dans la relation stratégique entre Washington et Yaoundé ?
Un message qui sonne comme une accusation
Dans sa déclaration, Jim Risch ne prend aucun détour :
« Le régime corrompu de Biya persécute ses opposants, couvre les activités illicites de Wagner et permet l’essor de groupes djihadistes. »
Il accuse également le gouvernement camerounais d’avoir organisé une réélection frauduleuse et retenu illégalement des citoyens américains.
Ce ton, rarement employé publiquement par un haut responsable américain, traduit une inquiétude diplomatique réelle.
Une élection contestée sur le plan interne
Le Conseil constitutionnel a confirmé Paul Biya avec 53,66 % des voix, contre 35 % pour Issa Tchiroma Bakary.
Mais plusieurs manifestations ont suivi, entraînant :
- arrestations,
- restrictions de circulation,
- renforcement militaire dans plusieurs villes,
- ralentissement notable du transport routier.
Sur les réseaux sociaux, les critiques se multiplient, parfois violemment.
Dans certains quartiers de Douala, un conducteur de bus nous confie :
« On veut juste la paix et pouvoir travailler. Le reste là, ça se passe au-dessus de nos têtes. »
Un enjeu diplomatique majeur
Le Cameroun occupe une position stratégique dans la zone CEMAC et dans la lutte contre Boko Haram.
Une rupture avec Washington serait lourde :
- coopération sécuritaire fragilisée,
- financement international surveillé,
- repositionnement des partenaires comme la Russie ou la Chine.
Pour l’instant, Yaoundé garde le silence.
Mais dans les milieux diplomatiques, on parle de « froid glacial » en coulisses.
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La déclaration du sénateur américain ouvre une nouvelle séquence, où chaque geste comptera.
Entre souveraineté nationale et pression internationale, le Cameroun marche sur une corde tendue.
La question maintenant :
Le gouvernement doit-il répondre publiquement — ou choisir le silence stratégique ?

