À la veille de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, le Mouvement Project C, dirigé par l’ancien journaliste de la CRTV, a publié une lettre ouverte adressée aux membres du Conseil constitutionnel. Le texte, d’un ton grave, interpelle directement les juges sur leur responsabilité historique : proclamer des résultats conformes à la Constitution ou risquer de « valider la fraude ».
« Votre silence ou votre acquiescement face à des irrégularités manifestes ne seront pas oubliés », peut-on lire dans la lettre.
Mais cette mise en garde solennelle suffira-t-elle à influencer un processus jugé déjà verrouillé ?
⚖️ Une lettre ouverte pour “sauver la légitimité du Cameroun”
Le document, long de plusieurs pages, cite les articles 47 de la Constitution et 113 du Code électoral, insistant sur le devoir du Conseil constitutionnel d’assurer la transparence du scrutin.
« Les résultats de chaque bureau de vote doivent être rendus publics immédiatement après le dépouillement », rappelle le texte.
Le mouvement dénonce des divergences entre les procès-verbaux locaux et les résultats compilés à Yaoundé. Pour ses rédacteurs, tout résultat « issu d’une procédure illégale est lui-même illégal ».
La lettre évoque même un précédent : l’annulation des élections au Kenya en 2017, citée comme modèle de courage institutionnel.
« Vous faites face à un choix historique : défendre la démocratie ou valider sa subversion », poursuit le texte, appelant les conseillers à refuser de cautionner toute irrégularité.
🔍 Pression avant la proclamation finale
L’appel du Project C intervient alors que la Commission nationale de recensement général des votes a déjà transmis ses conclusions au président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana.
Les chiffres officiels créditent Paul Biya de 53,66 % des voix, contre 35,19 % pour Issa Tchiroma Bakary.
Dans plusieurs villes comme Garoua et Yaoundé, la tension monte :
- des manifestations dénonçant des fraudes,
- des interpellations de militants,
- et une attente fébrile du verdict final.
« Nous ne reconnaîtrons aucun résultat sans vérification indépendante », affirme un militant du mouvement au micro d’un journaliste local.
🕊️ Une interpellation au nom de la Constitution
Dans sa conclusion, le mouvement s’adresse directement aux neuf membres du Conseil :
« Votre serment ne vous lie à aucun individu, mais à la République et au peuple camerounais. »
Les signataires appellent à un audit indépendant des procès-verbaux et à la publication publique des résultats bureau par bureau.
Ils exhortent les conseillers à émettre une opinion dissidente ou à démissionner si les conditions de transparence ne sont pas respectées.
Cette sortie, rarissime dans le contexte politique camerounais, alimente un débat national sur la crédibilité du processus électoral.
Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à trancher, la lettre du Mouvement Project C résonne comme un cri d’alerte :
le Cameroun joue sa crédibilité démocratique sur la scène internationale.
Reste à savoir si les juges oseront écrire une nouvelle page de l’histoire, ou simplement tourner celle déjà écrite.



