Au cœur de la tempête qui secoue le Nord-Ouest et le Sud-Ouest depuis 2016, deux figures se dressent comme les ultimes remparts de l’unité nationale. Bernard Okalia Bilai et Adolphe Lele Lafrique incarnent, chacun à leur manière, la résistance face aux velléités séparatistes de l’Ambazonie.
L’un est direct et inflexible, l’autre privilégie le dialogue. Okalia Bilai, gouverneur du Sud-Ouest depuis 2012, n’hésite pas à parler de “chiens” qu’il faut “arrêter“, quand Lele Lafrique, son homologue du Nord-Ouest, tente d’abord la voie de la négociation. Une approche qui révèle deux faces d’une même médaille : la détermination à maintenir l’ordre républicain.
Les derniers géants d’un système à bout de souffle ?
Survivants de multiples crises, ces deux administrateurs chevronnés, qui ont dépassé l’âge de la retraite, portent les cicatrices d’un conflit qui s’enlise. “Même les célébrations du 1er octobre 2024 nous montrent que la paix reste fragile”, confie un proche collaborateur de Lele Lafrique. Une fragilité qui n’entame pas leur détermination, alors même que Bamenda et Buea restent des poudrières.
Ces vigies de l’État, dont la longévité exceptionnelle intrigue, incarnent-elles l’ultime garde prétorienne d’un système Biya qui cherche ses marques face à la crise anglophone ? La question mérite d’être posée, alors que le kidnapping récent du sous-préfet d’Idabato rappelle cruellement que rien n’est gagné.
Par Gustave Ekambi,
