C’est un texte qui fait déjà grand bruit à Yaoundé. Le prêtre jésuite Ludovic Lado a adressé une lettre ouverte bouleversante au Pape Léon XIV, lui demandant de reporter sa visite au Cameroun. Dans sa missive, le religieux accuse le régime de Paul Biya, 93 ans, de « fraudes massives » et de « mépris pour la vie des pauvres ».
« Très Saint Père, ne laissez pas votre venue être récupérée par un pouvoir illégitime », écrit-il.
Cette sortie courageuse, entre foi et dénonciation politique, relance un débat brûlant : le Vatican doit-il dialoguer avec un régime contesté ?
Un appel prophétique face à la crise politique
Dans sa lettre ouverte, Ludovic Lado, enseignant et chercheur à Harvard University, dresse un tableau alarmant du Cameroun post-électoral. Il évoque les fraudes massives du scrutin du 12 octobre et dénonce un pouvoir « usé, violent et coupé du peuple ».
Le prêtre, connu pour sa parole libre, interpelle directement le Pape :
« Votre visite, Très Saint Père, risquerait d’être récupérée par un gouvernement illégitime en quête de respectabilité. »
Lado s’inspire de l’exhortation Dilexit Te, rappelant que “l’Église doit rester aux côtés des pauvres, non des puissants”.
À ses yeux, le Cameroun vit un drame spirituel et moral : des églises pleines, mais une société « corrompue, injuste et indifférente aux souffrances des plus faibles ».
Une lettre explosive et courageuse
Ce document, long de plusieurs pages, pointe également la responsabilité des chrétiens au pouvoir :
« Ceux qui trichent, volent et répriment se réclament de la foi, mais crucifient les pauvres. »
Ludovic Lado dénonce les dépenses somptuaires que l’État préparerait pour la visite pontificale, alors que « des écoles et des hôpitaux manquent de moyens ».
Selon lui, le régime de Paul Biya, au pouvoir depuis 43 ans, n’hésitera pas à “acheter la paix religieuse” pour redorer son image internationale.
À Yaoundé, la lettre divise : les uns saluent “le courage d’un homme de Dieu qui parle au nom des sans-voix”, d’autres y voient “une provocation politique sous couvert de religion”.
Entre foi, vérité et risque personnel
Lado conclut sa lettre sur une note bouleversante :
« Je sais que ces paroles peuvent me coûter la vie, mais une vie consacrée est déjà une vie donnée. »
Un message fort dans un pays où la parole critique reste risquée. Cette voix dissidente du clergé rappelle celle d’autres figures prophétiques africaines, prêtes à “parler vrai” face au pouvoir.
Le débat est désormais ouvert : la visite papale sera-t-elle reportée ou maintenue ?
Et surtout, la hiérarchie catholique camerounaise suivra-t-elle l’appel de Ludovic Lado ?
Cette lettre ouverte au Pape Léon XIV agit comme un coup de tonnerre dans le ciel politique et religieux du Cameroun.
Entre vérité, foi et courage, Ludovic Lado remet la question de la justice au centre de la spiritualité.
👉 La visite papale deviendra-t-elle un signe d’espérance… ou le symbole d’une Église trop proche du pouvoir ?

