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Cameroun – Garoua : 20 manifestants jugés par les militaires


La tension ne retombe pas dans la capitale régionale du Nord. Vingt manifestants ont été arrêtés à Garoua après des protestations liées à la présidentielle du 12 octobre 2025. Selon le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, ils seront déférés devant les tribunaux militaires pour incitation à la révolte et à l’insurrection.

« La loi sera appliquée avec fermeté », a déclaré une source au MINAT.
Mais dans une ville acquise à Issa Tchiroma Bakary, la décision passe mal et soulève une question brûlante : le Nord va-t-il s’enflammer ?

⚠️ Arrestations massives et climat post-électoral tendu

Les incidents surviennent au moment où la Commission nationale de recensement général des votes a remis son rapport final au président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana.
Selon les chiffres provisoires, Paul Biya serait en tête avec 53,66 % des voix, contre 35,19 % pour Issa Tchiroma Bakary.

Mais à Garoua, bastion du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), les rues se sont vite animées de manifestations spontanées.
Les partisans de Tchiroma crient à la fraude et affirment que leur candidat aurait obtenu la majorité absolue.

« On ne veut plus des élections truquées. C’est Tchiroma notre président ! », lance un jeune manifestant avant d’être interpellé sur la place de la Liberté.

Le MINAT confirme que 20 personnes ont été arrêtées et que d’autres, soupçonnées d’actes plus graves, ont été transférées à Yaoundé pour enquête.

🛑 L’armée déployée, la peur gagne les habitants

Depuis trois jours, les mototaxis ont disparu des rues dès la tombée de la nuit.
Le préfet de la Bénoué a d’ailleurs pris un arrêté interdisant la circulation des motos entre 20h et 5h du matin, une mesure justifiée par la prévention des troubles nocturnes.

Des témoins parlent d’un important dispositif sécuritaire : pick-up de gendarmes, contrôles d’identité, descentes dans les quartiers périphériques.

« Ce n’est pas du jeu, on dirait l’état d’urgence », confie un habitant de Poumpoumré.

Si certains saluent une mesure de fermeté nécessaire, d’autres redoutent un durcissement politique dans le fief d’un opposant majeur.

🔍 Un symbole de la fracture politique

La situation à Garoua illustre une fracture nationale : entre un pouvoir central qui revendique la légalité du processus, et une opposition qui parle de légitimité populaire.
Dans la plupart des quartiers du Nord, les partisans du FSNC considèrent que le scrutin a été “volé”.

« On nous dit que Paul Biya a gagné ici ? Même les oiseaux rient de ça », ironise un commerçant du marché central.

Pour l’heure, le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats définitifs d’ici le 26 octobre.
Mais à Garoua, les habitants retiennent leur souffle : paix fragile ou étincelle à venir ?

Entre arrestations, couvre-feu nocturne et silence des autorités locales, Garoua devient le symbole d’un Cameroun sous tension post-électorale.
La population espère que le verdict final du Conseil constitutionnel ne rallumera pas les braises d’un mécontentement déjà brûlant.
Et si, au fond, cette crise révélait la lassitude d’un peuple qui veut enfin être entendu ?



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