(Investir au Cameroun) – Le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement camerounais sont parvenus à un accord de principe portant sur un nouveau décaissement de 45,3 milliards FCFA au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), ainsi que sur une enveloppe de 42 milliards FCFA dans le cadre de la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Soit un total de plus de 82 milliards FCFA. Mais ce soutien financier reste conditionné à l’approbation du Conseil d’administration du FMI.
Dans un communiqué publié le 7 juillet 2025, l’institution de Bretton Woods indique que l’accord a été trouvé au niveau des services techniques, à la suite des huitièmes revues des programmes FEC/MEDC et de la troisième revue du programme FRD. Le déblocage des fonds dépend donc de l’achèvement formel de ces revues et de l’approbation du Conseil du FMI.
Le Cameroun doit, avant tout décaissement, démontrer qu’il respecte les engagements structurels pris dans le cadre de ses accords avec le FMI. Lancés en 2021, les programmes FEC et MEDC portent sur un montant total de 413 milliards FCFA. En décembre 2023, face à des retards de mise en œuvre et à une conjoncture défavorable marquée par des chocs exogènes, ces programmes ont été prolongés de 12 mois, soit jusqu’au 28 juillet 2025. Cette extension s’est accompagnée d’un complément de 88 milliards FCFA, témoignant de la volonté du FMI d’accompagner Yaoundé, tout en exigeant des résultats.
« La prolongation de 12 mois permettra de disposer de plus de temps pour mettre en œuvre les politiques et les réformes prévues dans les accords », justifiait alors le FMI en décembre dernier. L’institution rappelle que ces mesures doivent s’inscrire dans le cadre de la Stratégie nationale de développement 2030 (SND30), que le Cameroun s’est engagé à respecter.
Des réformes saluées, des défis persistants
Au terme de la mission conduite par le FMI à Yaoundé du 30 avril au 8 mai 2025, la cheffe de mission Cemile Sancak a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre d’un « vaste programme de réformes structurelles ». Selon elle, environ 40 repères structurels ont été atteints à ce stade.
Toutefois, elle insiste sur la nécessité d’intensifier les efforts, notamment dans la restructuration de la SONARA, la finalisation des projets d’infrastructure stratégiques, et le renforcement du secteur financier. La mise en œuvre intégrale de la Stratégie nationale d’inclusion financière et celle de la Stratégie de développement du secteur financier figurent également parmi les priorités.
Climat : des avancées notables
En ce qui concerne la Facilité pour la résilience et la durabilité, approuvée en janvier 2024 pour un montant initial de 110 milliards FCFA sur 18 mois, le FMI note des progrès dans la préparation du Cameroun face aux enjeux climatiques. Le pays a notamment élaboré un cadre d’action climatique, mis en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation, et accompli l’essentiel des quatre grandes réformes prévues dans ce cadre.
Ces avancées incluent l’adoption d’un plan climat national, la mise en place de lignes directrices pour l’évaluation climatique des projets d’investissement, ainsi que l’élaboration d’une stratégie nationale pour le financement des risques de catastrophe.
Si le Cameroun affiche une volonté de réforme et une relative progression, le versement des nouvelles tranches reste suspendu au respect strict des engagements contractés. Pour le FMI, la crédibilité du programme repose désormais sur la capacité du pays à traduire ses engagements en actes concrets et mesurables.
Ainsi, derrière l’accord technique et les montants annoncés, c’est la continuité du partenariat entre Yaoundé et l’institution de Bretton Woods qui se joue, sur fond de défis structurels persistants et d’exigences croissantes en matière de gouvernance, de transparence et de résilience économique et climatique.
Ludovic Amara
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