Cameroun – CNC dénonce un déséquilibre du temps d’antenne


Le constat est sans appel : malgré les règles en vigueur, le temps d’antenne reste inégalement réparti entre les candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025. Le président du Conseil national de la communication (CNC), Joseph Chebonkeng Kalabusu, l’a fermement dénoncé hier à Yaoundé. Selon lui, plusieurs médias privés et publics peinent à garantir l’équité et le pluralisme exigés par la loi. « Certains organes ont clairement failli à leur devoir », a-t-il déclaré d’un ton grave. Faut-il y voir une négligence ou une manœuvre politique à peine voilée ?

Le CNC tire la sonnette d’alarme

Lors de la conférence de presse tenue hier au siège de l’institution, le président du CNC a dressé un bilan à mi-parcours de la couverture médiatique de la campagne électorale.
Objectif : évaluer la répartition du temps d’antenne et rappeler les médias à leurs obligations légales.

Joseph Chebonkeng Kalabusu a ainsi relevé plusieurs irrégularités :
– la diffusion déséquilibrée des messages de campagne,
– la retransmission partielle des meetings de certains partis,
– et même la publication de contenus incitant à la haine.

Le cas de la radio commerciale Sud FM/TV a été cité comme exemple : la station aurait consacré plus de minutes à certains candidats qu’à d’autres. À l’inverse, Canal 2 International s’est distinguée par un effort d’équilibre, donnant la parole à l’ensemble des compétiteurs.

Équité médiatique : entre loi et pratique

Le CNC rappelle que la loi camerounaise impose une stricte égalité du temps de parole entre candidats dans les médias audiovisuels, surtout pendant la période officielle de campagne.
Mais sur le terrain, la réalité diverge : certains médias privés, faute de moyens ou d’impartialité, continuent de favoriser les figures dominantes.

« Nous ne pouvons pas parler de démocratie médiatique si tous les candidats n’ont pas la même visibilité », a martelé Chebonkeng Kalabusu, appelant les rédactions à plus de responsabilité.
Le président du CNC a également condamné la diffusion non autorisée de photos du Chef de l’État détournées à des fins politiques : un acte qu’il a qualifié de vandalisme moral.

Dans son rapport préliminaire, le CNC a précisé que la CRTV respecte globalement les équilibres, mais que les chaînes privées demeurent en net décalage.
Les écarts de temps d’antenne observés atteignent parfois plusieurs dizaines de secondes, une différence significative à l’échelle d’une campagne.

Un enjeu démocratique majeur

Pour l’autorité de régulation, la responsabilité des médias est cruciale en cette période sensible.
Garantir l’équité médiatique, c’est protéger la légitimité du processus électoral.
« Le pluralisme, ce n’est pas un luxe. C’est une exigence démocratique », a insisté le président du CNC.

Face à ces dérives, l’institution promet de publier un rapport complet après le scrutin, avec des recommandations fermes et, si nécessaire, des sanctions disciplinaires.
Une veille rapprochée des bulletins d’information est d’ailleurs en cours pour mesurer au plus juste la visibilité accordée à chaque candidat.

L’appel du CNC sonne comme un avertissement.
À quatre jours du vote, l’équilibre médiatique reste un défi pour les médias camerounais, entre contraintes éditoriales, pressions politiques et devoir de transparence.
Mais au fond, la question demeure : la prochaine présidentielle sera-t-elle réellement couverte avec la même rigueur pour tous ?



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