Le Cameroun connaît un boom entrepreneurial des élèves durant les vacances scolaires avec des centaines de jeunes transformant leurs congés en opportunités d’affaires lucratives. Cette révolution silencieuse mobilise des adolescents âgés de 10 à 18 ans qui créent des micro-entreprises temporaires pour financer leur scolarité. Face à l’augmentation constante des frais de scolarité, ces entrepreneurs en herbe développent un esprit d’initiative remarquable qui bouleverse les codes traditionnels des vacances scolaires.
Initiatives créatives : de la restauration aux services
Le boom entrepreneurial étudiant se manifeste par une diversification impressionnante des activités commerciales juvéniles. Vanessa, étudiante de 14 ans du lycée gouvernemental de Ndongo, incarne parfaitement cette tendance émergente.
«Je voulais acheter de nouveaux livres scolaires, alors j’ai commencé à vendre des beignets pendant ces vacances», explique cette jeune entrepreneuse. Son stand improvisé génère quotidiennement des revenus suffisants pour constituer un fonds scolaire substantiel.
Marcus, entrepreneur de 12 ans, a développé une stratégie commerciale similaire en vendant bonbons et biscuits dans les rues animées de Deido. «J’économise pour pouvoir m’acheter les fournitures dont j’ai besoin pour l’école», témoigne ce petit businessman précoce.
La créativité de ces jeunes dépasse largement la vente alimentaire traditionnelle. Certains proposent des services de lavage de voitures, tandis que d’autres commercialisent des parapluies pendant la saison pluvieuse, démontrant une capacité d’adaptation remarquable aux besoins du marché.
Transformation sociale : autonomie financière précoce
Cette révolution entrepreneuriale transforme fondamentalement les rapports familiaux et l’approche de l’éducation au Cameroun. Les parents observent avec fascination leurs enfants développer une autonomie financière précoce.
«Cet esprit entrepreneurial aide non seulement ces enfants à collecter les fonds nécessaires pour l’école, mais leur enseigne également des compétences précieuses sur le travail, la finance et la responsabilité», souligne un expert en éducation présent lors d’une récente conférence à Yaoundé.
Le phénomène s’étend désormais à l’ensemble du territoire national. Des villes comme Douala, Bafoussam et Garoua rapportent une multiplication par trois du nombre de jeunes commerçants durant les périodes de vacances scolaires.
Cette dynamique révèle également les défis économiques auxquels font face les familles camerounaises. L’augmentation progressive des coûts éducatifs pousse les enfants à contribuer activement au financement de leur propre scolarité.
Les établissements scolaires commencent à reconnaître officiellement cette tendance. Plusieurs lycées organisent désormais des formations en entrepreneuriat pour canaliser positivement cette énergie commerciale juvénile.
L’impact social dépasse le simple aspect financier. Ces expériences entrepreneuriales développent la confiance en soi, les compétences relationnelles et la compréhension des mécanismes économiques chez les jeunes.
Cette révolution entrepreneuriale juvénile redéfinira-t-elle l’avenir éducatif et économique du Cameroun ?
