La tension monte d’un cran entre Yaoundé et Bruxelles. Le gouvernement camerounais vient de convoquer l’ambassadeur de Belgique suite à l’agression violente d’un ministre et de l’ambassadeur camerounais sur le sol belge. Un incident diplomatique majeur qui survient dans un contexte politique déjà électrique, à quelques mois seulement de la présidentielle d’octobre 2025.
La “Brigade Anti-Sardinards” frappe au cœur de la diplomatie camerounaise
Les faits sont d’une violence rare sur la scène diplomatique. Le 28 février dernier, des activistes camerounais de la diaspora ont fait irruption dans la salle des conférences d’un hôtel bruxellois, perturbant une cérémonie officielle organisée par le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique, Mounouna Foutsou. Plusieurs participants ont été enfarinés dans ce qui ressemblait à une opération coordonnée.
Plus grave encore, le 3 mars, ces mêmes activistes ont réussi à intercepter le ministre et l’ambassadeur du Cameroun en Belgique qui quittaient leur hôtel. Les images choquantes de l’ambassadeur avec un visage ensanglanté ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant une vague d’indignation au Cameroun.
Ce groupuscule, auto-proclamé “Brigade Anti-Sardinards” (BAS), ne cache pas sa proximité avec l’opposition, particulièrement avec Maurice Kamto, principal rival politique du président Paul Biya lors de la dernière élection présidentielle.
Yaoundé hausse le ton et exige des garanties sécuritaires
Face à ce qu’il qualifie de “scènes indescriptibles d’agressions perpétrées par une bande de terroristes forcenés”, le gouvernement camerounais a vivement réagi. Dans un communiqué officiel, le ministère de la Communication a condamné “avec la plus grande fermeté ces comportements irresponsables et barbares”.
La réponse ne s’est pas limitée aux mots. Le ministre des Relations extérieures a convoqué mardi l’ambassadeur de Belgique au Cameroun, Alain Leroy, pour lui signifier “l’indignation et la forte désapprobation du gouvernement camerounais”. Une démarche diplomatique forte qui traduit la gravité de la situation.
Yaoundé a notamment exigé “une présence policière permanente et visible” autour de ses édifices diplomatiques en Belgique ainsi qu’un “encadrement sécuritaire idoine” pour ses personnalités, qu’elles soient en visite, en transit ou résidentes en Belgique.
Un climat politique explosif à l’approche de la présidentielle 2025
Cet incident s’inscrit dans un schéma récurrent de tensions. En 2021 déjà , l’ambassadeur belge avait été convoqué pour des faits similaires. La BAS avait alors multiplié les actions contre les représentations diplomatiques camerounaises à l’étranger, particulièrement après la réélection contestée de Paul Biya en 2018.
À l’approche de la présidentielle d’octobre 2025, tout laisse penser que ces actions pourraient s’intensifier. Les observateurs de la vie politique camerounaise, interrogés par notre rédaction, craignent une radicalisation des positions, tant du côté du pouvoir que de l’opposition.
“Le gouvernement prendra des mesures appropriées pour retrouver les auteurs de ces actes séditieux et les traduire devant les autorités compétentes“, prévient le communiqué officiel, laissant entrevoir une réponse ferme de Yaoundé.
De son côté, l’ambassadeur belge a présenté ses regrets et ceux de son gouvernement, promettant que “les mesures idoines seront prises” pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent.
Dans ce bras de fer qui ne fait que commencer, c’est aussi l’image internationale du Cameroun qui est en jeu, à l’heure où le pays tente de préserver sa stabilité dans une sous-région déjà fragilisée.