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Cameroun – Bangou : interdiction des motos choc


À Bangou, dans la région de l’Ouest, la nouvelle décision du sous-préfet interdit dès le 22 octobre 2025 la circulation des motos de 19h à 6h et la vente du carburant en bidons. Une mesure jugée brutale par la population, qui voit dans cette interdiction une provocation de trop. « Ce n’est pas la première fois qu’il agit sans concertation », lâche un notable excédé. Dans une localité déjà tendue après l’élection présidentielle, la décision de Jean-Louis Ntouh Ntouh pourrait-elle rallumer la mèche d’une contestation plus large ?

Une interdiction jugée injuste et autoritaire

Le document officiel signé par le sous-préfet de Bangou, Jean-Louis Ntouh Ntouh, stipule noir sur blanc : « Est interdite à compter de ce jour, la circulation des motocycles de 19h à 6h du matin, jusqu’à nouvel ordre. »
Corrélativement, la vente des produits pétroliers (super et gasoil) dans les bidons, fûts et autres récipients est également proscrite.

Selon les autorités locales, cette décision vise à prévenir tout risque de troubles à l’ordre public dans le contexte post-électoral. Mais sur le terrain, le message passe mal.
« On ne comprend pas pourquoi on nous punit tous à cause de la politique ! » s’exclame un conducteur de moto-taxi rencontré au carrefour marché de Bangou. « Nous vivons de ce travail, on ne vole pas, on nourrit nos familles. »

Un sous-préfet contesté par ses administrés

Dans les rues de Bangou, la colère gronde. Plusieurs habitants accusent le sous-préfet d’agir de manière partiale depuis son arrivée en poste.
« Ce monsieur a déjà détruit des familles à cause des affaires de terrain », affirme une commerçante.
D’après des sources locales, des plaintes circulent depuis des années pour réclamer sa mutation, accusant l’autorité d’abus et de favoritisme dans des litiges fonciers.

Malgré ces tensions, l’arrêté est formel : « Tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues par la loi. »
Pourtant, sur les routes, des motos continuent de circuler discrètement à la tombée de la nuit. « Qui va respecter une décision d’un sous-préfet que tout le monde rejette ? » glisse un jeune habitant, sourire amer.

Une décision symptomatique d’un malaise plus profond

Cette interdiction de circulation et de vente de carburant n’est pas isolée. Dans plusieurs villes du Cameroun, les autorités ont pris des mesures similaires après le scrutin présidentiel du 12 octobre 2025.
Mais à Bangou, le contexte local rend la situation explosive : la population se sent méprisée, et la confiance envers l’administration est au plus bas.
Comme le note un observateur local, « on ne peut pas exiger l’ordre sans justice ; sinon, c’est la révolte silencieuse qui s’installe. »

Dans cette localité des Hauts-Plateaux, où la moto est souvent le seul moyen de transport dans les zones rurales, cette décision paralyse la vie nocturne et les petits commerces. Une épreuve de plus pour une économie déjà fragilisée.

En voulant prévenir les troubles, le sous-préfet de Bangou semble avoir réveillé un vieux ressentiment populaire. Entre autorité administrative et méfiance citoyenne, la fracture s’élargit.
Faut-il y voir un simple excès de zèle ou le signe d’une crise plus profonde entre pouvoir local et population ?



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