Cameroun – Bafoussam : rituel tragique tue un fils


Un drame glaçant secoue la ville de Bafoussam, dans l’Ouest du Cameroun : une mère sexagénaire a provoqué par erreur la mort de son fils lors d’un rituel de sorcellerie censé punir le voleur de sa chèvre. L’affaire, qui bouleverse toute la communauté, interroge sur la persistance des pratiques occultes et leurs conséquences tragiques sur les familles camerounaises.

Rituel de protection qui vire au cauchemar

Selon des témoins du quartier Ngouache, la mère s’était adressée à un tradipraticien pour identifier le coupable du vol de son animal. La cérémonie, réalisée en pleine nuit, incluait poudres mystérieuses, incantations et symboles tracés au sol.

« On a vu la vieille déposer une lampe tempête au centre de la cour, puis murmurer des paroles qu’on ne comprenait pas », raconte un voisin, la voix encore tremblante.

Le rituel devait faire « revenir le mal » vers le voleur. Mais au petit matin, c’est son propre fils qui s’est effondré, suffoquant jusqu’à rendre l’âme. Dans la maison familiale, les cris de désespoir ont aussitôt envahi la cour.

Entre croyances mystiques et tragédies modernes

Ce drame révèle un paradoxe : alors que le Cameroun connaît un développement urbain et numérique accéléré, de nombreuses familles continuent de recourir aux solutions mystiques pour résoudre des conflits.

Le sociologue local Joseph Ngameni explique : « Ces pratiques reposent sur une logique communautaire ancienne, où la justice visible est parfois jugée inefficace. Mais elles exposent à des dérives dramatiques, comme ici à Bafoussam. »

Cette affaire met aussi en lumière le poids psychologique pour la mère. Dans la tradition, perdre un fils est déjà une tragédie, mais en être la cause involontaire équivaut à une double malédiction.

Les autorités face au tabou de la sorcellerie

La police judiciaire aurait entamé des investigations, mais l’affaire reste sensible. Comment prouver juridiquement l’impact d’un rituel invisible ? Un avocat du barreau de l’Ouest confie : « Le droit camerounais sanctionne le charlatanisme et l’homicide. Mais il est difficile de matérialiser la preuve d’une mort liée à la sorcellerie. »

Ce vide juridique entretient un climat d’impunité. Résultat : des familles désespérées continuent de s’adresser à des tradipraticiens, convaincues que la justice officielle ne suffira pas.

Un choc collectif à Bafoussam

Dans les rues de Bafoussam, le drame suscite une onde d’émotion. Certains habitants y voient un simple accident, d’autres parlent d’un « retour de flamme » mystique. Un chef de bloc résume la situation : « On cherche à se protéger, mais à force de jouer avec les forces occultes, on détruit ce qu’on a de plus cher. »

Au-delà du cas individuel, cette tragédie relance le débat national sur la place des pratiques occultes dans une société qui aspire à la modernité. Faut-il renforcer la sensibilisation, encadrer ces traditions, ou les interdire purement ?



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