L’arrestation musclée de Florence Aimée Titcho, enseignante au lycée technique de Douala et trésorière du MANIDEM, provoque un tollé au Cameroun.
Selon plusieurs témoins, la militante a été enlevée en pleine rue à Akwa, dans la capitale économique, par des agents en civil lourdement armés. Son interpellation intervient dans un contexte de fortes tensions post-électorales, alors que plusieurs figures de l’opposition, dont Anicet Ekane et Djeukam Tchameni, ont également été arrêtées ces derniers jours.
Face à cette dérive inquiétante, Kah Walla exige la libération immédiate de tous les opposants détenus. Jusqu’où ira la répression politique au Cameroun ?
Une arrestation digne d’un film d’action
D’après des témoins oculaires, les faits se sont produits vers 15h, non loin du lycée d’Akwa.
Florence Titcho, connue pour son engagement citoyen, aurait tenté d’appeler son président de parti, Anicet Ekane, avant d’être brutalement maîtrisée.
« Elle criait qu’elle devait prévenir son président, mais les hommes en tenue ne voulaient rien entendre », raconte un commerçant du quartier.
Les agents, non identifiés et circulant dans un taxi sans plaque d’immatriculation, auraient emmené la militante vers une destination inconnue.
L’opposition dénonce un “enlèvement déguisé” digne d’un régime autoritaire, tandis que plusieurs ONG locales parlent d’un “acte terroriste d’État”.
Kah Walla monte au créneau
Face à la montée des arrestations arbitraires, Édith Kah Walla, présidente du CPP, a dénoncé sur X (ex-Twitter) ce qu’elle qualifie de “chasse à l’opposition”.
« Pour annoncer sa victoire, vous enlevez des citoyen·nes. Djeukam Tchameni, Anicet Ekane, Florence Titcho ont exercé leur droit. Libérez-les tous ! », a-t-elle écrit.
Cette prise de parole intervient alors que le pays traverse une crise politique majeure depuis la présidentielle du 12 octobre 2025, entachée de soupçons de fraude massive.
À Yaoundé, les autorités restent silencieuses, alimentant le sentiment d’injustice et de peur dans les milieux militants.
Répression ciblée et silence des institutions
Le MANIDEM et plusieurs organisations de défense des droits humains réclament des comptes.
« Ce qui s’est passé à Douala relève de la terreur politique », affirme un membre du Réseau des Défenseurs des Droits Humains du Cameroun.
Les arrestations en série d’opposants, sur fond de panne d’Internet nationale et de manifestations violentes à Ngaoundéré, dessinent le portrait d’un pays au bord de l’implosion.
Selon plusieurs sources proches de la société civile, plus d’une centaine de militants auraient été interpellés depuis le début des contestations.
Les avocats de Florence Titcho dénoncent une détention illégale et arbitraire, en violation flagrante de la Constitution et des engagements internationaux du Cameroun.
Un climat d’étouffement politique
La population, déjà épuisée par la coupure d’Internet et les tensions électorales, redoute désormais une vague d’arrestations plus large.
« Ce pays devient invivable. Même les enseignants ne sont plus à l’abri », lâche une collègue de Mme Titcho, en larmes.
Cette nouvelle affaire illustre le durcissement du pouvoir face à la contestation populaire, dans une période où la confiance entre gouvernés et gouvernants semble définitivement rompue.
Le Cameroun entre dans une zone grise où la peur remplace le débat politique.
L’enlèvement présumé de Florence Titcho choque profondément l’opinion publique camerounaise.
En s’en prenant à une enseignante connue pour son engagement pacifique, le pouvoir envoie un signal glaçant à tous ceux qui osent parler.
Mais jusqu’à quand le silence des institutions protégera-t-il l’arbitraire ?



