Ce 4 novembre 2025 marque un anniversaire historique : il y a exactement 43 ans, le président Ahmadou Ahidjo, père de l’indépendance du Cameroun, annonçait sa démission surprise à la radio nationale.
Ce discours, diffusé à 20 h sur Radio Cameroun, restera comme l’un des tournants politiques les plus décisifs du pays.
En quelques phrases sobres mais lourdes de sens, Ahidjo transmettait le pouvoir à son Premier ministre Paul Biya, ouvrant une nouvelle ère.
Quelles étaient les raisons réelles de cette décision inattendue ? Et comment ce jour a-t-il façonné durablement le destin du Cameroun moderne ?
Un départ inattendu qui bouleverse la nation
Le 4 novembre 1982, le Cameroun entier retient son souffle. À la surprise générale, Ahmadou Ahidjo déclare à la radio nationale :
« J’ai décidé de démissionner de mes fonctions de Président de la République du Cameroun. Cette décision prendra effet le samedi 6 novembre à 10 h. »
À cette époque, Ahidjo dirige le pays depuis près de 25 ans, après avoir conduit la marche vers l’indépendance en 1960. Son départ brutal laisse les Camerounais stupéfaits et ouvre la voie à Paul Biya, son successeur constitutionnel.
Certains observateurs y voient un geste de sagesse, d’autres une pression politique ou diplomatique.
Les mots d’un père fondateur
Dans son discours d’adieu, le ton est solennel et apaisé. Ahidjo remercie « toutes celles et tous ceux » qui l’ont accompagné dans la construction d’un Cameroun unifié et stable.
« J’invite toutes les Camerounaises et tous les Camerounais à accorder, sans réserve, leur confiance à mon successeur constitutionnel M. Paul Biya. »
Le premier président insiste sur la continuité, la paix et la fidélité à l’unité nationale, valeurs qu’il érige en piliers du pays.
Il laisse un Cameroun doté de finances solides, d’une économie en expansion et d’une jeunesse ambitieuse, tout en appelant à la persévérance dans le travail et la discipline.
Une succession aux répercussions durables
Le 6 novembre 1982, Paul Biya prête serment et devient officiellement le deuxième président de la République du Cameroun.
Ce passage de témoin pacifique entre les deux hommes — Ahidjo le nordiste et Biya le sudiste — symbolisait à l’époque l’équilibre régional et la stabilité institutionnelle.
Mais très vite, les relations entre les deux anciens alliés se dégradent, menant à une rupture politique majeure en 1983.
Depuis, cette date du 4 novembre reste un symbole fort de transition dans la mémoire collective camerounaise, souvent commémorée comme le point de départ du long règne de Paul Biya.
Quarante-trois ans plus tard, le discours de Ahmadou Ahidjo résonne encore comme un acte fondateur et prophétique.
Entre fidélité à l’histoire et interrogation sur l’avenir, les Camerounais se souviennent d’un jour où tout a basculé, sans bruit, sans armes.
👉 La grande question demeure : le Cameroun a-t-il pleinement honoré l’héritage politique de son tout premier président ?

