À l’approche de l’élection présidentielle camerounaise de 2025, Maurice Kamto, figure emblématique de l’opposition et chef du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), fait face à un carrefour stratégique. Sa stratégie pour cette élection est scrutée de près, non seulement pour son potentiel à défier le parti au pouvoir mais aussi pour son impact sur la cohésion nationale.
L’APC : Une alliance pour l’unité ?
Kamto a annoncé la formation de l’Alliance Politique pour le Changement (APC), une coalition visant à rassembler des partis politiques, des membres de la société civile, et des citoyens de tous horizons autour de sa candidature. L’objectif est clair : présenter un front uni contre le régime en place et contrer toute possibilité de succession dynastique, notamment par Franck Biya, fils du président sortant Paul Biya. Ce mouvement pourrait-il être le catalyseur d’une véritable unité, ou pourrait-il semer les germes de nouvelles divisions ?
Unité ou fragmentation ?
L’APC est perçue par certains comme une tentative de rassemblement, un effort pour dépasser les clivages ethniques et régionaux qui ont souvent marqué la politique camerounaise. Kamto, avec son passé de juriste et son éducation internationale, a l’opportunité de promouvoir un discours inclusif. Cependant, la réalité est plus complexe. La création de l’APC a suscité des réactions mitigées. D’un côté, elle attire des soutiens de divers horizons politiques, mais de l’autre, elle pourrait exacerber des tensions entre ceux qui voient en Kamto soit un sauveur, soit une menace pour l’équilibre politique actuel.
Les défis de la candidature
Kamto doit naviguer dans un environnement politique où le MRC n’a officiellement aucun élu, suite au boycott des élections législatives et municipales de 2020. Cela pose un défi juridique et stratégique pour sa candidature, nécessitant soit 300 signatures de personnalités influentes à travers le pays, soit une alliance avec un parti ayant des élus. Sa capacité à rallier ces soutiens sera cruciale.
La critique et le soutien populaire
Les critiques de Kamto pointent souvent du doigt ses stratégies passées, comme le boycott, qui ont privé le MRC de présence électorale. Pourtant, son discours de fin d’année 2024, où il annonce sa candidature pour 2025, a résonné avec beaucoup de Camerounais, lassés de la gouvernance actuelle. Il y dénonce les échecs sur plusieurs fronts et promet un renouveau. Sa popularité, surtout parmi les jeunes et les intellectuels, est un atout, mais il doit convertir cette popularité en votes dans un système électoral complexe et parfois opaque.
La stratégie de Maurice Kamto pour 2025 est un pari sur l’unité à travers la coalition APC, avec pour but de galvaniser un soutien populaire contre un régime jugé stagnant. Cependant, cette approche n’est pas sans risque. Elle pourrait soit cimenter une opposition unie, soit fracturer davantage le paysage politique camerounais. La clé réside dans la capacité de Kamto à naviguer ces eaux tumultueuses avec pragmatisme, en s’assurant que son message d’unité ne soit pas détourné en division.