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Cameroun ► COBAC recadre la CDEC


C’est un document qui fait grand bruit dans les cercles financiers de Yaoundé. Le 22 octobre 2025, la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) a adressé une lettre ferme au Ministère des Finances, pointant du doigt les agissements jugés préoccupants de la Caisse des Dépôts et Consignations du Cameroun (CDEC).
Selon cette note confidentielle, consultée par 237online.com, ces actions risqueraient de fragiliser la confiance du public dans tout le système bancaire national. Entre règlements communautaires ignorés et tensions avec les établissements de crédit, le ton de la COBAC ne laisse aucune ambiguïté. La CDEC est-elle allée trop loin ?

⚖️ Une mise au point sévère sur les dérives constatées

Dans sa correspondance signée par Patricia Danielle Manon, Secrétaire générale adjointe de la COBAC, l’institution tire la sonnette d’alarme :

« Les actions de la CDEC risquent de fragiliser la confiance du public dans le système bancaire camerounais. »

Depuis plusieurs mois, la CDEC aurait déposé des plaintes contre plusieurs dirigeants bancaires, évoquant un supposé détournement de fonds publics. Elle aurait également engagé des saisies massives de plusieurs milliards de FCFA auprès d’établissements de crédit, microfinances et fintechs.
La COBAC, elle, y voit une ingérence contraire aux règles communautaires, estimant que ces démarches intempestives pourraient déséquilibrer le secteur.

🧩 Rappel à l’ordre communautaire : les textes CEMAC sont clairs

Pour la COBAC, il ne s’agit pas d’un simple malentendu administratif, mais d’une violation de règlements communautaires.
Lors de la session du Comité Ministériel de l’UMAC tenue à Malabo le 12 juillet 2025, deux textes fondamentaux ont été adoptés :

1️⃣ Règlement n°01/25/CEMAC/UMAC/COBAC relatif aux conditions d’exercice des Caisses des Dépôts et Consignations (CDC) ;
2️⃣ Règlement n°02/25/CEMAC/UMAC/COBAC portant traitement des comptes inactifs et des avoirs en déshérence.

Ces règlements, entrés en vigueur le 1er septembre 2025, s’appliquent immédiatement à tous les États membres de la CEMAC. Pourtant, la CDEC aurait poursuivi ses propres procédures, ignorant les circulaires de la COBAC et tentant de transférer unilatéralement les avoirs dits inactifs.

« Il est incompréhensible que la CDEC s’évertue à engager des poursuites à l’encontre des établissements de crédit en violation des textes communautaires », souligne la COBAC dans son courrier.

💬 Un appel direct au ministre Louis Paul Motazé

Face à la gravité de la situation, la COBAC invite le Ministre des Finances à intervenir sans délai.
En tant qu’Autorité monétaire nationale et tutelle de la CDEC, Louis Paul Motazé est appelé à ramener le calme et à rappeler les dirigeants de la CDEC à l’ordre.

« Il est urgent de mettre fin aux poursuites et actions qui s’opposent à l’esprit et à la lettre des décisions du Comité Ministériel de l’UMAC », écrit la Commission.

L’APECCAM (Association des établissements de crédit du Cameroun) s’est également jointe à la préoccupation, dénonçant de nouvelles exigences de la CDEC en matière de cautionnement de marchés publics, jugées « non conformes » et potentiellement déstabilisatrices pour la trésorerie des banques.

🔎 Enjeux : préserver la stabilité et la crédibilité du système bancaire

Derrière cette lettre, c’est toute la stabilité financière du Cameroun qui est en jeu.
En pleine phase de redressement économique, un bras de fer prolongé entre la CDEC et les établissements de crédit pourrait fragiliser la confiance des investisseurs, voire compromettre la position du pays au sein de la CEMAC.

Pour la COBAC, il ne s’agit pas d’un simple rappel administratif, mais d’une alerte stratégique : préserver la légalité et la cohérence de l’action publique pour garantir la crédibilité du secteur bancaire camerounais.
Comme le résume un banquier interrogé à Douala :

« Quand la COBAC parle, tout le monde écoute. Il est temps que la CDEC revienne dans les clous. »

La lettre de la COBAC au Minfi marque un tournant. Derrière le ton diplomatique, le message est clair : la CDEC doit se conformer aux textes communautaires ou risquer de s’isoler.
Entre légalité, crédibilité et stabilité, cette affaire révèle à quel point la confiance demeure le nerf de la guerre dans le secteur financier camerounais.



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