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Cacao : le marché de la transformation s’anime au Cameroun avec l’arrivée annoncée de deux nouvelles usines


(Investir au Cameroun) – Le groupe Puratos, qui opère dans la boulangerie, la pâtisserie et la chocolaterie, avec une capacité de traitement de plus de 200 000 tonnes de fèves de cacao chaque année, envisage d’implanter une unité de transformation de fèves à Ebolowa, la capitale de la région du Sud du Cameroun. L’information a été révélée le 7 juin 2024 à Ebolowa, au cours d’une rencontre entre des responsables de cette firme et les autorités locales.

Attiré par la qualité de la fève camerounaise depuis 2019, Puratos parraine déjà certains centres d’excellence de traitement post-récole du cacao dans le pays. « Avoir de bonnes fèves de cacao est la règle numéro un pour obtenir un délicieux chocolat. Afin de produire un chocolat de qualité supérieure, il est important de savoir où les fruits du cacaoyer sont récoltés et comment le processus de fermentation se déroule », avait déclaré en octobre 2019 Eddy Van Belle, le président du conseil d’administration (PCA) de Puratos. C’était au cours d’une visite au Cameroun, qui l’avait notamment conduit dans les bassins de production du Sud (Zoétélé) et du Centre (Akomnyada).

Pour l’heure, les détails du projet de construction de l’usine d’Ebolowa, qui devrait renforcer l’empreinte de ce transformateur de fèves au Cameroun, n’ont pas été précisés. L’on sait cependant que cette usine, spécialisée dans la production de la pâte de cacao, devrait démarrer avec une capacité initiale de transformation de 5 000 tonnes. Puratos entend augmenter progressivement cette capacité, de manière à atteindre finalement 65 000 tonnes de fèves chaque année, apprend-on.

Hausse des exportations des produits dérivés

La révélation du projet industriel de Puratos survient seulement une semaine après la pose de la première pierre, le 31 mai 2024 à Obala, dans la région du Centre, de l’usine de près d’un milliard de FCFA de la société Sas Manta du Français Olivier Bordais. Baptisée Chocolat Rouge, l’usine d’Obala ambitionne, selon Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre camerounais du Commerce, de produire un « chocolat haut de gamme “Made in Cameroon” ».

Si les deux projets sus-mentionnés sont menés à terme, les nouveaux opérateurs rejoindront sur le marché devenu très dynamique de la transformation locale de fèves, des entreprises telles que Sic Cacaos du Suisse Barry Callebault, Chococam du Sud-africain Tiger Brands, Atlantic Cocoa de l’Ivoirien Kone Donsongui et les Camerounais Neo Industry et Africa Processing. Grâce au dynamisme de ces industriels, le Cameroun a exporté 73 236 tonnes de produits dérivés du cacao en 2023, dont 49 411 tonnes de pâtes de cacao et 23 825 tonnes de beurre de cacao. Ces cargaisons ont généré des revenus globaux de 153 milliards de FCFA, en hausse de plus de 15% en glissement annuel, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS). Les ventes à l’international du chocolat camerounais et ses dérivés ont quant à elles rapporté plus de 6 milliards de FCFA en 2022, selon la même source.

Des usines sans fèves 

Au demeurant, apprend-on de sources internes à la filière, alors que toutes ces unités de première et 2e transformation cumulent environ 150 000 tonnes de capacités installées, certaines d’entre elles sont souvent en panne de fèves, en raison de la razzia effectuée sur le marché par les exportateurs généralement affiliés à de grands négociants internationaux. Cette rareté des fèves dans certaines unités de transformation industrielle récemment installées au Cameroun est telle que l’une d’entre elles, révèle une source autorisée, a dû introduire auprès du gouvernement une autorisation d’importation de fèves pour faire tourner son usine. Une autre, soutient la même source, a été contrainte de mettre une partie de son personnel en congé technique en pleine saison cacaoyère, faute de fèves à broyer.

De sources internes au ministère des Finances, ce sont ces plaintes récurrentes des transformateurs de cacao en rapport avec leurs difficultés d’approvisionnement en fèves, qui ont conduit à l’instauration, dans la loi de finances 2023 de l’État du Cameroun, d’une taxe sur les exportations de fèves brutes. « Sans préjudice des redevances applicables, les fèves de cacao exportées sans transformation sont soumises à un droit de sortie autonome au taux de 10% de la valeur FOB. Ce taux est de 2% pour les fèves de cacao exportées vers les points francs industriels ou les régimes assimilés », peut-on lire dans ladite loi.

Cependant, en dépit de cette mesure visant à réduire les exportations de fèves et à encourager la transformation locale, le Cameroun reste très éloigné du volume de 300 000 tonnes de fèves transformées par an, prévu dans le plan de relance des filières cacao-café. Pour atteindre cet objectif, soutient-on au sein de la filière, il faut non seulement gagner la bataille de la hausse de la production (objectif de 600 000 tonnes dans le plan de relance, contre environ 300 000 tonnes actuellement, NDLR), mais aussi garantir l’approvisionnement des usines face à la razzia des exportateurs. Cet équilibre, de l’avis de certains acteurs de la filière cacao, pourrait passer par l’instauration d’une politique des quotas (entre exportateurs et transformateurs) dans les achats de fèves au fil des campagnes.

Brice R. Mbodiam 

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