Cacao/café : 2,6 milliards de FCFA pour aider le Cameroun à s’adapter à la norme anti-déforestation de l’UE


(Investir au Cameroun) – Le Cameroun veut rendre ses filières cacao et café plus respectueuses des forêts. Ce 25 juin à Yaoundé, le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, a officiellement lancé le projet Sustainable Agriculture For Forest Ecosystems (SAFE), une initiative qui vise à aider les producteurs à se conformer aux nouvelles règles européennes contre la déforestation.

Financé à hauteur de 4 millions d’euros (environ 2,6 milliards de FCFA) par le ministère néerlandais des Affaires étrangères, ce projet est mis en œuvre par la GIZ, la coopération allemande. Il s’inscrit dans une dynamique mondiale de transformation des chaînes de valeur agricoles, alors que l’Union européenne s’apprête à appliquer, dès le 31 décembre 2025, son Règlement sur la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE). Ce texte imposera aux exportateurs de prouver que leurs produits n’ont pas contribué à la destruction des forêts.

« Il s’agit d’une initiative mondiale ambitieuse visant à accompagner la transition vers des chaînes de valeur agricoles durables, légales et sans déforestation », a déclaré le ministre lors de la cérémonie de lancement.

Le cacao et le café, deux produits stratégiques pour l’économie camerounaise, sont au cœur du projet SAFE. En plus de leur poids dans les exportations, ces cultures sont souvent pointées du doigt pour leur rôle dans la déforestation, notamment dans les zones forestières du Sud et de l’Est. SAFE ambitionne de promouvoir des pratiques agricoles durables, tout en garantissant la traçabilité et la légalité des produits destinés au marché européen.

Les exigences du RDUE sont strictes : respect des droits d’usage des terres, protection de l’environnement, droits humains, droit du travail, lutte contre la corruption, fiscalité et respect des peuples autochtones. Pour y répondre, SAFE prévoit plusieurs actions concrètes. Le projet va faciliter l’accès au financement pour les petits producteurs afin de les aider à adopter des modes de production durables, renforcer leurs capacités techniques, et assurer une diffusion large des bonnes pratiques à travers des plateformes régionales et internationales.

SAFE prévoit également une coordination étroite avec le Programme cacao durable de l’Union européenne (SCP), afin d’éviter les duplications d’efforts et de créer des synergies dans les actions menées sur le terrain.

À l’échelle globale, le projet SAFE mobilise un financement total de 65,5 millions d’euros, répartis entre l’Allemagne (25 M€), les Pays-Bas (20 M€) et l’Union européenne (20,5 M€). Le Cameroun fait partie des dix pays bénéficiaires, aux côtés du Brésil, de la RDC, de l’Équateur, de l’Indonésie, du Pérou, de la Zambie, de l’Ouganda, du Vietnam et du Burundi. Dans le pays, le projet couvrira la période d’octobre 2024 à décembre 2027.

Si le projet SAFE arrive à point nommé pour anticiper les exigences de plus en plus strictes de l’Union européenne, son succès reposera surtout sur la capacité du Cameroun à accompagner efficacement les producteurs sur le terrain. Car face à ces standards internationaux, les petits exploitants demeurent souvent mal informés, peu structurés, et confrontés à des obstacles persistants d’accès au financement et à la technologie.

L’enjeu, pour le pays, n’est donc pas uniquement de se conformer au RDUE, mais de transformer en profondeur ses filières agricoles afin de les rendre plus résilientes, compétitives et écologiquement durables. Faute de quoi, le Cameroun risque non seulement une exclusion progressive des marchés stratégiques, mais aussi un frein durable à l’essor de son agriculture.

Ludovic Amara

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