La Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) vient de passer au crible sa gestion financière pour l’exercice 2024. Lors d’une session ordinaire tenue hier, 24 avril, les comptes administratif, de gestion et du comptable-matières ont été adoptés par les grands conseillers municipaux. Avec une enveloppe globale de 38,476 milliards de FCFA après une augmentation de 2,8 milliards, la capitale camerounaise affiche un taux de réalisation étonnamment limité à 63,63%. Cette gestion budgétaire révélée en présence du préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, suscite des interrogations sur l’efficacité d’absorption des ressources face aux défis croissants d’urbanisation que connaît la ville aux sept collines.
Derrière ces chiffres officiellement validés, quelles sont les véritables explications de ce taux d’exécution modeste et comment cela impacte-t-il les projets d’amélioration du cadre de vie des Yaoundéens?
Finances CUY 2024 : entre réalisations concrètes et défis persistants
Sur les 38,476 milliards de FCFA du budget 2024, plus de 14 milliards ont été consacrés au fonctionnement, tandis que 10,2 milliards ont servi aux investissements. Le maire de la ville, Luc Messi Atangana, qui présidait les travaux, a détaillé la destination de ces fonds.
«Ces dépenses sont à la fois constituées de l’entretien de la voirie de la ville, du traitement brut des personnels, des frais de formation, du paiement des taxes et impôts, la dotation pour l’emploi des jeunes, la subvention versée aux sept communes d’arrondissement dans le cadre de la dotation de fonctionnement», a-t-il expliqué.
Plusieurs conseillers ont exprimé leur inquiétude face au taux de réalisation de 63,63%, jugé insuffisant au regard des nombreux défis urbains à relever. Des avenues défoncées aux problèmes récurrents d’assainissement, en passant par l’éclairage public défaillant dans plusieurs quartiers, les besoins demeurent immenses.
Interrogé sur ce point, le maire a pointé du doigt le compte unique du Trésor comme principal obstacle. «Ce mode de fonctionnement empêche d’avoir accès à nos moyens financiers à temps pour réaliser nos missions», a-t-il affirmé, illustrant les contraintes administratives qui pèsent sur la gestion municipale.
Projets Yaoundé 2025 : trois chantiers prioritaires déjà validés
Malgré ces difficultés, la session a également été l’occasion d’adopter un plan de campagne rectificatif additionnel pour l’exercice 2025 en cours. Trois projets d’envergure ont été approuvés par l’organe délibérant, démontrant la volonté de poursuivre les efforts d’amélioration des infrastructures urbaines.
La réhabilitation d’un triple dalot sur le tronçon carrefour Coron – carrefour Mvog-Mbi, dans la commune de Yaoundé IV, figure en tête de liste. Ce projet crucial vise à résoudre les problèmes d’inondation qui paralysent régulièrement cette zone durant la saison des pluies.
Le deuxième chantier prioritaire concerne la réhabilitation de l’axe École publique Sainte Mary – carrefour rails Ebom, à Yaoundé III, un tronçon particulièrement dégradé qui complique le quotidien de milliers d’usagers.
Enfin, l’aménagement de deux voies de desserte de l’Hôpital central de Yaoundé complète ce plan d’action. Un projet essentiel pour faciliter l’accès à cette structure sanitaire de référence, souvent entravé par les embouteillages et le mauvais état des routes adjacentes.
Face à ces projets ambitieux mais nécessaires, la question centrale demeure : la CUY parviendra-t-elle à surmonter les obstacles administratifs et financiers pour améliorer significativement son taux d’exécution budgétaire en 2025, ou les Yaoundéens devront-ils continuer à composer avec des infrastructures insuffisantes malgré des ressources théoriquement disponibles?