(Investir au Cameroun) – Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a inauguré ce 17 septembre 2025 la section Babadjou-Matazem-Welcome to Bamenda (35 km), tout en lançant les travaux d’aménagement de la traversée urbaine de Bamenda (12 km). Ces deux volets constituent le chaînon final de la route Babadjou-Bamenda (52 km), financée à hauteur de plus de 145 milliards de FCFA par la Banque mondiale.
Réalisée selon des standards internationaux, la section inaugurée comprend des tronçons à 2×2 voies, 69 ouvrages hydrauliques, près de 30 km de drainage, ainsi que des contournements et traversées urbaines modernes. Lancés en 2017, les travaux se sont achevés en 2024 et s’inscrivent dans le cadre du Plan de reconstruction du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, deux régions en crise depuis 2017.
La mise en service du tronçon Babadjou-Welcome to Bamenda devrait améliorer le confort des usagers et contribuer à la normalisation progressive de la région du Nord-Ouest, encore marquée par l’insécurité liée au conflit anglophone. Mais au-delà de cet enjeu sécuritaire, l’ouvrage se veut un levier économique majeur.
En effet, la route Babadjou-Bamenda s’inscrit dans le corridor stratégique Yaoundé-Bamenda-Enugu, long de 438 km, qui relie la capitale camerounaise au Nigeria, première économie et pays le plus peuplé d’Afrique. Selon l’Institut national de la statistique (INS), les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint en 2023 près de 79 milliards de FCFA, dont 39,5 milliards d’exportations camerounaises et 39,4 milliards d’importations. Le Cameroun a ainsi dégagé un léger excédent commercial de 0,1 milliard de FCFA. Toutefois, l’INS nuance ces chiffres en rappelant que les transactions informelles et la contrebande, facilitées par une frontière poreuse de 1 500 km, représentent une part importante des échanges réels.
En 2024, les deux pays ont intensifié leur coopération économique, notamment à travers l’ouverture d’un marché frontalier en février et l’organisation d’un salon bilatéral en avril. Les exportations camerounaises concernent surtout les produits vivriers, tandis que le Nigeria approvisionne le Cameroun en biens manufacturés, allant des pièces détachées à l’électronique.
En renforçant ce corridor routier, le Cameroun espère donc non seulement fluidifier les échanges avec son voisin, mais aussi sécuriser une partie de ses transactions économiques face à la concurrence de l’informel et aux tensions sécuritaires persistantes.
Frédéric Nonos
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