Une baisse de prix qui surprend tout le pays. Alors que de nombreux Camerounais dénoncent le coût élevé des médicaments essentiels dans les hôpitaux publics, le ministère de la Santé a annoncé, le 3 novembre 2025, une réduction allant jusqu’à 71 % sur plusieurs formes de Viagra. Une décision inattendue, qui fait naître interrogations, ironies et incompréhensions. Dans certains quartiers de Yaoundé, on entend déjà : « Ils ont choisi d’aider l’amour avant la santé ? ». Mais derrière cette réaction spontanée, se posent des questions réelles. Pourquoi maintenant ? Et surtout : à qui profite réellement cette baisse ?
Cameroun – Baisse du Viagra : décryptage d’une décision qui interroge
Selon le communiqué officiel signé par le ministre de la Santé, Dr Manaouda Malachie, le laboratoire Viatris a procédé à une baisse des prix grossistes hors taxe sur plusieurs dosages de Viagra :
| Produit | Ancien prix (FCFA) | Nouveau prix (FCFA) | Baisse |
|---|---|---|---|
| Viagra 50 mg (B/4) | 15 999 | 4 600 | 71 % |
| Viagra 50 mg (B/1) | 4 592 | 1 513 | 67 % |
| Viagra 100 mg (B/4) | 15 999 | 6 406 | 60 % |
« Une mesure de santé publique », selon le ministère
Dans l’entourage du ministère, on affirme que cette décision concerne le traitement des dysfonctions érectiles, qui touche de nombreux hommes de plus de 40 ans, souvent silencieusement.
« La sexualité masculine est aussi un sujet de santé, pas un tabou », confie un médecin urologue à Yaoundé.
L’objectif affiché serait donc de rompre avec le marché noir, où le produit circule à des prix multipliés par 3, souvent contrefait et dangereux.
Entre applaudissements et critiques : le débat est lancé
Pour certains citoyens, cette mesure arrive au bon moment.
Pour d’autres, elle ressemble à une mauvaise priorité.
Dans un hôpital de Douala, une infirmière résume le malaise :
« On manque de gants, de kits de dialyse, de couveuses… et on commence par ça ? On dirait un sketch ! »
Mais attention : le Viagra n’est pas financé par l’État, il s’agit d’une renégociation tarifaire avec un fournisseur privé.
Autrement dit : l’argent public n’a pas été dépensé pour provoquer cette baisse.
Le débat porte donc moins sur le coût, et plus sur la symbolique.
Ce que cette décision révèle vraiment
- Le ministère cherche à encadrer un marché opaque.
- Le Viagra reste un médicament concerne la santé sexuelle masculine, souvent négligée.
- La communication autour de la mesure n’a pas suffisamment préparé l’opinion.
En clair : le problème est moins la baisse que son timing dans une période économiquement et émotionnellement tendue.
La baisse du prix du Viagra n’est peut-être pas le scandale que certains imaginaient.
Mais elle révèle quelque chose d’important : le lien fragile entre décisions publiques et perception populaire.
Dans un contexte où les Camerounais attendent des réformes sur les hôpitaux, les médicaments essentiels et l’accès aux soins, chaque annonce devient symbolique.
Et vous, pensez-vous que cette décision est justifiée, ou mal priorisée ?

