L’ordonnance de renvoi du juge Ndzie Pierrot Narcisse dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo jette une lumière crue sur les zones d’ombre de ce dossier qui tient en haleine le Cameroun depuis plus d’un an. Au cœur des interrogations : le rôle trouble de certains proches du pouvoir, et notamment de Martin Savom.
Xavier Messe, le lanceur d’alerte qui avait vu juste ?
Dès le 19 janvier 2023, au lendemain de la disparition de Martinez Zogo, le journaliste Xavier Messe affirmait que ce dernier avait été assassiné. Une déclaration qui lui a valu d’être entendu à quatre reprises par le SED, avant de se rétracter, acculé. Pourtant, l’ordonnance de renvoi semble lui donner raison : Martinez Zogo a bel et bien été tué par « strangulation » peu après son enlèvement. Xavier Messe n’avait donc pas menti.
Des « prédictions » troublantes, des amitiés compromettantes
Mais Xavier Messe n’est pas le seul à avoir annoncé très tôt la mort de Martinez Zogo. Le journal La Météo de Dieudonné Mveng, ainsi qu’un certain Jacques Blaise Mvie, grand ami de Martin Savom (inculpé le 29 février pour complicité d’assassinat), ont eux aussi affirmé que le journaliste avait été tué. Des « prédictions » d’autant plus troublantes que certains, sur les réseaux sociaux, avaient commencé à préparer l’opinion à un assassinat dans les semaines précédant le drame.
Martin Savom, le homme-clé de l’affaire ? 🗝️
Au cœur de toutes les spéculations : Martin Savom a été repéré sur le lieu de torture la veille du crime, a rencontré Justin Danwe (un autre suspect) à deux reprises le jour de l’enlèvement, et aurait remis de l’argent pour payer le commando assassin. Une vidéo de la torture de Martinez Zogo a même été retrouvée dans son téléphone. Autant d’éléments accablants qui interrogent sur son rôle exact dans cette sombre affaire.
Une « opération sous fausse bannière » pour brouiller les pistes ? 🚩
Pour certains observateurs, comme le souligne 237online.com, cette affaire pourrait relever d’une « opération sous fausse bannière« , une stratégie de désinformation visant à éloigner les soupçons de Martin Savom et, au-delà, de la présidence de la République. Une hypothèse qui soulève une question dérangeante : qui, au cœur de l’État, a les moyens de mobiliser clandestinement des agents de la DGRE, des activistes, des journalistes et même des ONG internationales ?
La justice militaire, dernier rempart contre l’impunité ? ⚖️
Il aura fallu un an, et la ténacité des magistrats militaires Sikati Kwamo, Ngwang Claudine et Belinga Cerlin, pour que Martin Savom soit enfin inquiété dans cette affaire. Un témoignage de la difficulté à faire la lumière sur ce dossier tentaculaire, qui met en lumière les limites d’un système où les intérêts politiques semblent parfois primer sur la recherche de la vérité et de la justice.
Plus que jamais, le peuple camerounais exige que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de Martinez Zogo. Un impératif de transparence et de justice, pour honorer la mémoire de ce journaliste courageux, et pour que le Cameroun puisse tourner la page de cette sombre affaire. La balle est désormais dans le camp de la justice.