Aide publique presse Cameroun ► Scandale


C’est une onde de choc dans le milieu des médias privés au Cameroun. L’enveloppe d’aide publique allouée à la presse pour l’année 2025 ne dépasserait pas 100 millions de FCFA pour l’ensemble des journaux du pays. Une somme jugée « ridicule » et « insultante » par de nombreux éditeurs qui y voient une tentative de pousser la presse indépendante à la mendicité. « C’est un jour noir pour la presse privée », a lancé Kristian Ngah Christian, président par intérim de la Fédération des éditeurs de journaux (Fedipresse). Cette colère, déjà ancienne, révèle une question brûlante : le gouvernement veut-il réellement une presse libre au Cameroun ?

La décision a été rendue au terme de la 7ᵉ session de la Commission d’attribution de l’aide publique à la presse privée, tenue à Yaoundé. Sur la table : 100 millions de FCFA, à partager entre des dizaines de journaux qui luttent déjà pour survivre entre inflation, coût du papier, crise publicitaire et pression politique. Pour beaucoup, c’est tout simplement une gifle.

« Le gouvernement doit cesser d’insulter les médias privés », s’est indigné Kristian Ngah Christian. Selon lui, l’aide devrait être réévaluée à minimum 250 millions de FCFA, comme cela avait été précédemment recommandé par plusieurs acteurs du secteur.

Une aide publique opaque et inégale

Ce qui choque autant que le montant, c’est le manque total de transparence dans l’attribution. Aucun détail clair n’a été communiqué sur les critères de sélection, ni sur la liste des bénéficiaires. Plusieurs éditeurs dénoncent un système clientéliste, où les médias les plus « dociles » ou proches du pouvoir sont récompensés, tandis que les critiques sont marginalisés.

« On dirait que nous faisons la charité, pas que nous bâtissons une démocratie », soupire un patron de presse de Douala.

À titre de comparaison, le Sénégal, dont l’économie est similaire, alloue environ 1 milliard de FCFA par an à sa presse privée. Au Cameroun, l’aide n’a cessé de diminuer : de 250 millions hier à 56 millions en 2023, avant une remontée partielle… qui reste insuffisante.

Un secteur déjà en grande détresse

Les conséquences sont visibles :

  • fermetures de journaux,
  • salaires impayés,
  • départ des journalistes vers d’autres secteurs,
  • baisse de la qualité de l’information.

Dans les kiosques, nombreux sont les titres qui ne paraissent plus qu’une fois par semaine, faute de moyens. D’autres n’impriment plus du tout, se contentant de survivre sur Facebook ou WhatsApp.

Un journaliste confie, amer :
« La liberté de la presse ne se proclame pas, elle se finance. »

Cette polémique pose une question simple et brutale : peut-on parler de démocratie lorsque les médias indépendants s’éteignent un à un ?
Le Cameroun veut-il une presse vivante, ou une presse domestiquée ?



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