Une horreur sans nom s’est installée dans les rues de la capitale camerounaise. Depuis septembre 2024, un phénomène aussi mystérieux que terrifiant a fait son apparition à Yaoundé : l’assassinat systématique de chauffeurs de taxi. Le bilan est déjà effroyable avec plus de 35 conducteurs sauvagement tués en l’espace de quelques mois seulement. Ces meurtres en série ont instauré un climat de peur palpable qui bouleverse profondément le quotidien de toute une ville.
Les chauffeurs, jadis figures familières et rassurantes du paysage urbain, sont désormais hantés par l’angoisse chaque fois qu’ils prennent leur service. “Je ne sais jamais si je rentrerai vivant chez moi le soir”, confie Alain M., chauffeur depuis 15 ans, la voix tremblante. “Chaque client qui monte est potentiellement mon bourreau. C’est devenu une roulette russe quotidienne.”
Des méthodes criminelles qui interrogent sur l’identité des tueurs
Le mode opératoire de ces assassinats présente des similitudes troublantes qui laissent penser à une action coordonnée plutôt qu’à des crimes isolés. Selon plusieurs sources proches de l’enquête, les victimes sont généralement retrouvées dans des zones périphériques, dépouillées de leurs recettes et souvent de leur véhicule. Plus inquiétant encore, la précision chirurgicale avec laquelle certains meurtres ont été commis suggère une préparation minutieuse et une connaissance approfondie des habitudes des chauffeurs.
“Ce n’est pas l’œuvre de simples brigands”, affirme un officier de police qui a requis l’anonymat. “Nous avons affaire à un ou plusieurs groupes extrêmement organisés qui semblent viser spécifiquement les taximen. La question qui nous hante est : pourquoi eux en particulier ?”
Cette question résonne d’autant plus fort que ces crimes s’inscrivent dans un contexte social déjà tendu. Les chauffeurs de taxi, déjà économiquement fragilisés par la hausse des prix du carburant et la concurrence des nouveaux services de transport, se retrouvent maintenant en première ligne face à cette menace mortelle.
Une profession mobilisée mais des autorités aux abonnés absents
Pourtant, malgré l’ampleur du phénomène et le nombre effarant de victimes, la réponse des autorités reste étonnamment timide. Aucun plan d’action d’envergure n’a été annoncé pour protéger cette profession particulièrement vulnérable. Les familles des victimes dénoncent un manque flagrant d’engagement des forces de l’ordre et une absence de stratégie claire pour mettre fin à cette hécatombe.
“Mon frère a été retrouvé égorgé dans son taxi le mois dernier, et depuis, nous n’avons aucune nouvelle de l’enquête”, témoigne Marie T., sœur d’une des victimes. “C’est comme si ces vies ne valaient rien. Combien faudra-t-il encore de morts pour que nos dirigeants agissent ?”
Cette vague de crimes pose également la question plus large de la sécurité urbaine au Cameroun, à l’heure où les grandes villes du pays connaissent une croissance démographique explosive sans que les infrastructures sécuritaires suivent le même rythme.
En attendant que des mesures concrètes soient prises, Yaoundé continue de vivre au rythme de ces disparitions tragiques, et le taxi, ce symbole de la mobilité urbaine, est devenu pour beaucoup synonyme de danger mortel.