70 ans après la répression coloniale de l’UPC, le Cameroun revit son passé. L’exclusion de Maurice Kamto des présidentielles 2025, annoncée ce 27 juillet, rappelle tragiquement l’interdiction des nationalistes en 1956. Pourquoi le pays reste-t-il prisonnier de ce cycle ? Jean-Pierre Bekolo, cinéaste engagé, décrypte cette « boucle infernale ». Une analyse glaçante qui révèle les mécanismes inchangés du pouvoir.
Exclusion politique : L’éternel retour du scénario colonial ?
« C’est le même ndem ! », s’indigne un historien à l’Université de Yaoundé 1. En 1955, la France éliminait l’UPC pour installer des élites dociles. En 2025, le régime exclut Kamto avant le scrutin du 12 octobre. Les mêmes mots justifient la répression : « insurrection », « trouble à l’ordre ». Même stratégie, observe Bekolo : « Neutraliser les radicaux, acheter les modérés ».
Collaboration 2025 : Les nouveaux visages de la trahison
Dans les maquis de 1955 comme dans les bureaux climatisés de 2025, le système repose sur des « collabos ». « Ils mangent tranquilles pendant que le pays brûle », grince Armand, étudiant à Douala. Des fonctionnaires aux journalistes, beaucoup savent mais se taisent par confort. « L’odeur de la peur est toujours là », souffle une magistrate sous anonymat.
Piège ethnique : La division toujours rejouée
En 1955, l’UPC fut cataloguée « affaire bassa ». Aujourd’hui, toute critique devient « tribalisme ». « Dès qu’on parle franc, on vous colle une ethnie », dénonce Bekolo. Pourtant, les archives prouvent que la révolte de mai 1955 embrasa Douala, Yaoundé et Ebolowa. Une unité populaire que le gouvernement actuel redoute encore.