C’est un fait rare et d’une gravité exceptionnelle : le ministère des Sports a officiellement saisi le Minat pour empêcher l’Assemblée générale élective de la Fecafoot prévue le 29 novembre. Ce geste fort intervient alors que les tensions n’ont jamais été aussi explosives autour de Samuel Eto’o, accusé de « défiance ouverte » envers l’État et d’avoir transformé la fédération en zone interdite. « Ce n’est plus du football, c’est le désordre total », souffle un responsable sportif à Yaoundé.
L’État doit-il reprendre la main avant que la situation n’explose davantage ?
Le Minsep stoppe le processus : un acte d’urgence contre le chaos
La correspondance du Minsep est sans ambiguïté : interdiction totale de toute assemblée élective, y compris celle lancée par la Fecafoot. L’objectif est clair : éviter une implosion du football national déjà fragilisé par des conflits interminables.
Le ministre rappelle que ses injonctions du 21 août, ordonnant de corriger un processus électoral vicié, n’ont jamais été respectées par Samuel Eto’o. Une attitude décrite comme « une défiance grave » envers l’État, pourtant garant du respect de la loi 2018/014 régissant les activités sportives.
À Mbankomo, plusieurs acteurs menaçaient déjà de perturber l’AG, signe que la situation avait atteint un niveau critique.
Une Fecafoot ingouvernable : Eto’o au centre du désordre
Dans les milieux sportifs, le constat est devenu presque unanime : Samuel Eto’o est au cœur du chaos qui secoue aujourd’hui la fédération. Son insistance à maintenir une AG jugée illégale, malgré les alertes des clubs, des ligues et de la tutelle, a été perçue comme une provocation.
Les accusations sont nombreuses :
- Exclusion arbitraire de potentiels candidats,
- Intégration de clubs fictifs dans le corps électoral,
- Contentieux non réglés,
- Non-respect des directives ministérielles,
- Processus électoral manipulé,
- Climat de menace et d’intimidation.
« On ne peut pas diriger une fédération comme un empire personnel », confie un ancien cadre de Tsinga. Pour beaucoup, Eto’o a plongé la Fecafoot dans une gouvernance toxique, où la peur et le clientélisme ont remplacé le dialogue et la transparence.
Un risque de rupture nationale : l’État obligé d’intervenir
La crise ne se limite plus à la fédération. Elle menace désormais l’ordre public sportif.
La création d’une structure parallèle – l’Association Camerounaise de Football 7 – dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, inquiète particulièrement les autorités, car elle évoque une fragmentation dangereuse du football, et par ricochet, du tissu national.
L’État estime que si l’AG d’Eto’o se tenait, le pays pourrait assister à des affrontements ouverts entre groupes rivaux. Pour un pays encore secoué par la crise post-électorale, le risque est jugé intolérable.
Eto’o sous pression : vers la fin d’un règne ?
Pour certains acteurs, cette intervention marque peut-être le début de la chute de Samuel Eto’o. Depuis des mois, son leadership est contesté, son image fissurée, et ses méthodes dénoncées. « Trop de désordre, trop de conflits, trop de moi-je », lâche un dirigeant de club de l’Ouest.
L’élimination des Lions pour la Coupe du monde 2026 avait déjà ébranlé sa crédibilité. Cette fois, c’est l’État lui-même qui le désavoue publiquement.
La question est désormais ouverte : Eto’o peut-il encore sauver sa présidence ?
La saisine du Minat par le Minsep marque un tournant brutal : l’État reprend la main pour éviter une catastrophe sportive et institutionnelle. Au centre de la tourmente, Samuel Eto’o, accusé d’avoir conduit la Fecafoot dans une impasse, fait désormais face à une contestation généralisée.
Le Cameroun pourra-t-il reconstruire un football apaisé après cette crise historique ?



