(Investir au Cameroun) – On en sait davantage sur la géographie du capital de Cameroun Textile SA (Camtex), qui s’apprête à entrer en phase opérationnelle avec l’ambition d’intégrer localement la chaîne de valeur coton et de sécuriser des capacités industrielles alignées sur la SND-30. Selon Investir au Cameroun, la composition de l’actionnariat de cette structure, adossée à un investissement estimé à 180 milliards de FCFA, est désormais arrêtée.
Le capital réunit quatre acteurs aux rôles complémentaires. Panafritex, la branche textile du groupe Arise, détient 51,1 % du capital, soit 36,15 milliards de FCFA. Sodecoton en possède 24,9 % (17,97 milliards de FCFA). La CNPS détient 20 % (14,43 milliards de FCFA). Enfin, Marlo Properties Fincorp ferme le tour de table avec 5 %, soit 3,61 milliards de FCFA, détaille une source proche du projet. L’architecture capitalistique vise à arrimer l’outil industriel à un approvisionnement local en fibre, en associant un investisseur industriel (Arise), l’opérateur coton historique (Sodecoton) et un investisseur institutionnel domestique (CNPS).
Montage financier et sécurisation des apports
Arise bénéficiera de l’appui d’Afreximbank pour financer sa participation. Un mécanisme de portage est parallèlement prévu pour Sodecoton en cas de décalage de trésorerie lié au recouvrement d’environ 39 milliards de FCFA de créances publiques : une convention d’actionnaires avec la CNPS, assortie d’intérêts, sécuriserait temporairement son apport jusqu’à mobilisation des fonds. Le dispositif s’inscrit dans la dynamique de partenariats industriels CNPS–Arise, formalisée le 11 septembre 2025 à Yaoundé.
Selon les porteurs du projet, le cœur industriel de Camtex sera implanté dans la zone industrialo-portuaire de la Dibamba (filature, tissage, tricotage, ennoblissement). Le projet prévoit 12 000 emplois industriels, auxquels s’ajouteront 3 000 postes à Garoua, au sein d’un centre d’excellence dédié à la formation technique et aux activités de confection. La montée en puissance est annoncée pour le premier semestre 2026, avec un palier optimal visé à l’horizon 2033. Camtex prévoit de transformer 12 000 tonnes de coton par an, destinées en priorité au marché domestique — uniformes des corps de défense et de la fonction publique, articles de sport — avant une expansion sous-régionale au sein de la Cemac. Le modèle économique table sur un retour sur investissement en onze ans.
Contexte sectoriel et ancrage SND-30
Le projet s’inscrit dans un objectif national de relocalisation d’une chaîne de valeur largement captée par les importations et la contrebande. En cohérence avec la SND-30, l’implantation à la Dibamba doit générer des gains logistiques et énergétiques déterminants pour la compétitivité-coût, tandis que l’alliance CNPS–Arise apporte une assise financière et institutionnelle durable.
En combinant ancrage amont (Sodecoton), expertise industrielle (Arise/Panafritex) et capital patient domestique (CNPS), l’actionnariat de Camtex crée les conditions d’une intégration verticale rare dans la filière. La réussite reposera toutefois sur le bouclage financier, la fiabilité énergétique, la fluidité logistique et la protection du marché intérieur (qualité, normes, lutte contre la contrebande). Avec un démarrage prévu en 2026 et une montée progressive jusqu’en 2033, le projet exigera une gouvernance rigoureuse pour convertir l’investissement en parts de marché et en emplois durables.
Amina Malloum
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