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Cameroun ► Scandale énergétique : le mirage CSTAR


Alors que le Chef de l’État promettait, le 6 novembre 2025, de relancer la lutte contre la corruption, un nouveau dossier explosif émerge dans le secteur énergétique. À Kribi, un projet baptisé CSTAR, estimé à plus de 120 milliards de FCFA, suscite déjà des soupçons d’irrégularités. Des signatures douteuses, des absences flagrantes et une communication trouble soulèvent de sérieuses questions. Un haut cadre du secteur souffle : « Ce n’est pas du jeu, on dirait un remake de Glencore. » Le Cameroun s’achemine-t-il vers un nouveau scandale énergétique d’État ?

⚡ De Glencore à CSTAR : une même odeur de soufre

Quatre jours seulement après la promesse présidentielle, le 10 novembre 2025, la justice britannique rouvrait le dossier Glencore, impliquant d’anciens responsables du géant pétrolier et des institutions camerounaises comme la SNH et la SONARA.
Devant la Couronne de Southwark à Londres, Martin Wakefield, David Perez, Paul Hopkirk et Ramon Labiaga ont plaidé non coupables, tandis que le procès est fixé pour 2027.
Ce procès illustre la profondeur du mal : pots-de-vin, commissions occultes, collusions étatiques, sur une période couvrant 2007 à 2014.

Mais pendant que la justice internationale fouille le passé, un nouveau montage financier inquiétant se prépare sous nos yeux : le Projet CSTAR à Kribi.
Présenté comme un projet de raffinerie stratégique, il apparaît, selon plusieurs observateurs, entaché de zones d’ombre rappelant dangereusement les méthodes de Glencore.

🏗️ Les zones d’ombre du projet CSTAR

1️⃣ Les “signataires fantômes”
Le Directeur général de la SNH, Adolphe Moudiki, est censé avoir signé l’accord-cadre du projet CSTAR.
Problème : il n’apparaît sur aucune photo de la cérémonie. L’image officielle diffusée provient en réalité d’un tout autre événement !
Le Président du Conseil d’Administration est lui aussi absent, tout comme le Ministre de l’Énergie.
Une absence collective qui jette un voile d’illégitimité sur la signature d’un contrat aussi colossal.

2️⃣ Une autorité détournée
La SNH semble s’être érigée en décideur politique de fait, au mépris des chaînes de responsabilité établies.
Pour un cadre du ministère, cette dérive est dangereuse :

« La SNH n’est pas une institution politique. Qu’elle commence à négocier seule, c’est une pente glissante. »

3️⃣ L’absurde paradoxe de Limbé
Alors que la raffinerie nationale de Limbé est à l’arrêt depuis des années, le gouvernement lance un nouveau projet de raffinerie à Kribi.
Comment justifier un tel choix, sinon par des intérêts cachés ?
Le sentiment général dans la rue est clair : « On veut reconstruire ailleurs pendant que Limbé meurt — cherchez l’erreur ! »

𝗖𝗦𝗧𝗔𝗥

🔍 Une promesse présidentielle trahie

L’engagement du Président Biya à “renforcer la lutte contre la corruption” semble déjà vidé de sa substance.
Entre opacité, conflits d’intérêts et absence de contrôle démocratique, la situation évoque un scénario bien connu : la répétition des erreurs de Glencore.
Le projet CSTAR, s’il n’est pas audité, pourrait devenir le nouveau gouffre financier du Cameroun.

« La lutte contre la corruption ne peut pas se limiter à des discours du 6 novembre », souligne un économiste contacté à Yaoundé. « Il faut des actes forts, à commencer par un audit de la SNH. »

Kribi devait symboliser l’avenir énergétique du Cameroun.
Mais pour l’instant, le projet CSTAR ressemble davantage à un mirage qu’à une solution.
Entre les leçons jamais tirées du scandale Glencore et les silences autour des milliards engagés, l’État joue sa crédibilité.
La vraie question est désormais simple : qui osera ouvrir les livres de la SNH ?



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