L’annonce a fait sensation à Abéché ce vendredi 29 août 2025. Lors d’une cérémonie solennelle à la Cour d’appel, cinq nouveaux notaires ont prêté serment, parmi lesquels Me Désire Noubadoum Nanmadje, un juriste formé au Cameroun, à l’Université de Dschang, institution réputée pour son exigence académique. Pour beaucoup, sa présence dans cette promotion symbolise l’excellence silencieuse de la formation camerounaise dans le domaine du droit. Pourtant, au Tchad, la profession notariale reste sous-estimée, peu mise en valeur et surtout faiblement rémunérée, conséquence directe de la précarité économique locale. Comment un professionnel hautement qualifié évolue-t-il dans un contexte où la majorité de la population n’a pas les moyens de solliciter ses services ?
Un parcours solide, forgé à Dschang
Originaire du Tchad, Me Noubadoum a choisi le Cameroun pour ses études supérieures, intégrant la Faculté de droit de l’Université de Dschang, connue pour son école de rigueur et son esprit critique.
« Dschang forme autrement : on y apprend la profondeur avant le prestige », confie un de ses anciens camarades.
C’est cette base solide qui l’a préparé à rejoindre aujourd’hui le cercle encore restreint des notaires tchadiens.
Aux côtés de Mme Massout Farida Micheline, Me Abdias Djobonlangui, Me Goinkinar Sartabé et Me Daoud Idriss Daoud, sa nomination découle du décret n°1418/PR/2025 du 14 juillet 2025.
La prestation de serment devant le Secrétaire général du département du Ouara, Mahamat Ali Imam, marque l’entrée officielle de ces officiers publics dans leurs fonctions.
Une profession essentielle, mais fragilisée par la réalité sociale
Au Tchad, être notaire n’offre pas le prestige que l’on observe dans d’autres pays.
À Abéché, comme dans plusieurs régions, la pauvreté limite les transactions formalisées : ventes immobilières rares, héritages réglés à l’amiable, contrats souvent verbaux.
Résultat :
👉 la profession est sobre,
👉 le revenu moyen reste faible,
👉 et la demande sociale est minimaliste.
Le premier substitut du procureur l’a rappelé :
« Le notaire n’est pas seulement un légaliste, il est garant de la confiance publique. »
Mais comment garantir cette mission lorsque les citoyens n’ont pas les moyens d’accéder aux services juridiques ?
Cette situation met en lumière un enjeu central :
➡️ renforcer l’éducation juridique de la population,
➡️ simplifier l’accès au conseil,
➡️ et soutenir les notaires dans leur rôle social.
Un symbole : la preuve que le Cameroun forme l’excellence
Dans un pays où les élites universitaires sont souvent dénigrées ou invisibles, la réussite de Désire Noubadoum Nanmadje rappelle que l’Université de Dschang demeure un pôle d’excellence régional.
Il incarne la génération de juristes qui franchissent les frontières professionnelles, malgré les contraintes économiques et institutionnelles.
Une réalité à valoriser davantage, au Cameroun comme au Tchad.
L’entrée en fonction de Me Désire Noubadoum Nanmadje dépasse la simple annonce administrative. C’est l’histoire d’un homme formé au Cameroun, engagé dans une profession noble mais encore fragile au Tchad.
Une réussite qui pose une question essentielle :
Quand le Tchad donnera-t-il à ses notaires les moyens de jouer pleinement leur rôle dans la société ?



