Chiffre qui pique : 16 % des Américains ne situent pas l’Ukraine sur une carte. Dans ce contexte, la sortie du sénateur américain Jim Risch (82 ans) sur le Cameroun fait polémique à Yaoundé : il mêle conflit du NoSo à Boko Haram et Daesh, des rapprochements jugés « hors-sol » par plusieurs voix locales. « On confond tout, ce n’est pas du jeu ! », souffle un diplomate camerounais joint par nos soins. Au-delà du buzz, l’impact réel de cette prise de position sur la relation Washington–Yaoundé est-il tangible, ou s’agit-il d’un coup d’épée dans l’eau dominé par les rivalités avec Chine et Russie en Afrique centrale ?
Un tir politique… mais quelle portée sur le terrain ?
Le sénateur Jim Risch, figure influente des relations extérieures au Sénat américain, a souvent mis l’accent sur droits humains et gouvernance. Mais ses propos récents sur le Cameroun mélangent, selon plusieurs observateurs, insurrection armée dans le NoSo, Boko Haram (venu du Nigéria depuis 2013) et Daesh, absent du territoire.
« L’alignement idéologique produit des amalgames », résume un enseignant-chercheur à Yaoundé.
Dans les faits, les déclarations d’élus américains n’obligent pas l’Exécutif, surtout quand Washington est absorbé par d’autres priorités et des équilibres internes.
Cameroun, Amérique et la vraie bataille : l’influence
Derrière la communication, la compétition stratégique reste la clé : Washington cherche à contenir Pékin et Moscou dans le golfe de Guinée et le bassin du Congo. Le Cameroun, nœud énergétique, portuaire et sécuritaire, pèse dans cette équation.
Or, la politique américaine oscille entre discours de principes (sanctions, conditionnalités) et pragmatisme (sécurité régionale, échanges). Résultat : beaucoup d’« effets d’annonce », peu de basculements concrets.
Pour rappel, Yaoundé dit condamner les bavures de forces régulières et combattre les groupes armés. Le cœur du sujet reste la sécurité, le développement local et la désescalade dans le NoSo.
Que retient-on côté Cameroun ?
- Impact immédiat limité : la sortie de Risch n’a pas valeur de décision exécutive.
- Perception locale : l’amalgame NoSo–Daesh est vu comme imprécis et contre-productif.
- Relation bilatérale : elle continue de se jouer sur des dossiers concrets (sécurité maritime, économie, santé).
- Terrain des idées : chacun instrumentalise l’argument « valeurs »/« souveraineté » selon ses intérêts.
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Au-delà de la polémique, le Cameroun reste une pièce stratégique où s’entrecroisent agendas sécuritaires et rivalités d’influence. La question de fond demeure :
➡️ Faut-il privilégier pressions publiques ou coopération pragmatique pour apaiser le NoSo et améliorer la gouvernance—et laquelle fera vraiment bouger les lignes sur le terrain ?



