Plus de 12 grands chantiers structurants encore inachevés, un taux de chômage des jeunes supérieur à 30 %, et un coût de la vie qui pèse lourd dans les familles. C’est dans ce contexte économique tendu que Paul Biya a prêté serment pour un nouveau mandat. Dans son discours du 6 novembre 2025, le Chef de l’État a remis en avant un axe majeur de sa politique : l’accélération de la croissance et la relance des grands projets nationaux. Mais que contient réellement cette promesse, et comment pourrait-elle se traduire concrètement pour les Camerounais ?
Relancer les projets en panne : le défi du septennat
Le chef de l’État l’a rappelé avec insistance : les barrages, les routes, l’énergie, les télécoms et l’industrie restent des priorités absolues.
Il a cité notamment :
- Barrages de Lom Pangar, Memve’ele, Mekin
- Relance de la transformation minière
- Extension du réseau routier et autoroutier
- Amélioration de la distribution de l’eau potable
L’objectif annoncé :
« Sortir le Cameroun de la dépendance aux importations et créer la richesse à l’intérieur. »
Cependant, de nombreux Camerounais rappellent que ces projets avaient déjà été annoncés en 2010, en 2015, puis en 2018.
Une voix de Douala résume bien le scepticisme ambiant :
« On a trop entendu parler de grands projets. Ce qu’on veut maintenant, c’est voir. »
Agriculture, emploi et coût de la vie : les attentes restent fortes
Dans son discours, Paul Biya a également parlé de révolution agricole.
Selon lui, la clé de la croissance résidera dans :
- la modernisation des cultures,
- la transformation locale des produits,
- la baisse des importations alimentaires.
Car, aujourd’hui encore :
- Le Cameroun importe plus de 240 milliards FCFA de riz par an.
- La farine, l’huile et le poisson coûtent 1,5 à 3 fois plus que dans certains pays voisins.
Pour beaucoup, la relance économique ne sera crédible que si les prix baissent et si les jeunes trouvent du travail :
« La route seule ne nourrit pas. Ce qu’on veut, c’est l’emploi. »
— Étudiant, Université de Buea
Le discours du Président relance l’ambition d’une économie forte, structurée autour de grands projets.
Mais après plusieurs décennies d’annonces, les Camerounais attendent désormais des résultats visibles, dans leurs marchés, leurs factures et leurs assiettes.
La question est là :
Cette fois-ci, les grandes réalisations deviendront-elles de vrais changements dans la vie du citoyen ?

