(Investir au Cameroun) – Le prix de la tonne d’aluminium sur le marché international a progressé de 7 % au troisième trimestre 2025, pour s’établir à 2 619 dollars, après une baisse de 6,9 % entre les premier (2 629,8 dollars) et deuxième (2 448,8 dollars) trimestres, selon l’Indice composite des cours des produits de base (ICCPB) exportés par les pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA). Cette reprise des cours constitue une nouvelle encourageante pour la Compagnie camerounaise de l’aluminium (Alucam), dont la trésorerie reste sous tension.
Entre juin et septembre 2025, cette embellie devrait contribuer à renflouer les caisses de l’entreprise publique, fragilisée par la forte baisse de la production industrielle. Selon la note de conjoncture économique du ministère des Finances (Minfi), la production d’Alucam a chuté de 40,8 % au premier trimestre 2025, en raison de la mise à l’arrêt de plus de la moitié des cuves d’électrolyse pour cause de défaillances techniques.
Ce recul s’est traduit par une baisse des exportations de 3 000 tonnes sur un an, générant des pertes de revenus estimées à 3 milliards de FCFA, d’après le rapport sur le commerce extérieur de l’Institut national de la statistique (INS).
En 2024, le chiffre d’affaires d’Alucam, détenue à 79,68 % par l’État camerounais, à 14,32 % par la SNI et à 5,05 % par l’Agence française de développement (AFD), a reculé de 10 % sous l’effet de l’indisponibilité de l’outil de production, selon les états financiers de l’entreprise. L’exercice s’est soldé par un déficit net de 23,7 milliards de FCFA, après -23 milliards en 2019, -14 milliards en 2020 et -8 milliards en 2022.
Des difficultés structurelles persistantes
Ces contre-performances traduisent les fragilités chroniques d’Alucam depuis le retrait de Rio Tinto en 2015, lorsque le groupe canadien a cédé ses parts à l’État camerounais. Depuis, l’entreprise cherche un nouveau partenaire stratégique capable de relancer la filière aluminium nationale.
Selon des sources proches du dossier, le fonds singapourien Eagle Eye, fondé par le milliardaire indien Gagan Gupta, négocierait discrètement avec le gouvernement camerounais en vue d’un éventuel rachat d’Alucam. Déjà impliqué dans le projet d’exploitation de la bauxite de Minim Martap, Eagle Eye ambitionnerait de bâtir la première filière intégrée bauxite-alumine-aluminium du continent africain, selon une source au ministère des Mines.
En attendant un éventuel repreneur, Alucam a signé en août 2024 un contrat commercial avec la société Proalu SA, spécialisée dans la transformation de l’aluminium. L’accord prévoit la vente de 2 500 tonnes de matière première par mois, générant environ 4 milliards de FCFA de revenus mensuels, soit 48 milliards par an.
Le partenariat inclut également des avances de trésorerie pouvant atteindre 10 milliards de FCFA, offrant ainsi une bouffée d’oxygène à l’entreprise, autrefois symbole de la modernité industrielle camerounaise, aujourd’hui fragilisée par une décennie de pertes.
Brice R. Mbodiam
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29-10-2025 - Alucam : la production d’aluminium chute de plus de 40 % au premier trimestre 2025
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