Cameroun – Cavaye Yéguié Djibril ouvre la session ► serment et tensions


Sous les ors du Palais de Verre Paul Biya, l’Assemblée nationale a repris vie ce lundi 3 novembre 2025 pour l’ouverture de la troisième session ordinaire du Parlement. Une séance solennelle présidée par le Très Honorable Cavaye Yéguié Djibril, marquée par un ton grave et des hommages appuyés aux victimes des violences post-électorales.
Cette session charnière s’annonce historique : prestation de serment du président réélu Paul Biya et vote du budget 2026, premier du nouveau septennat.
Mais derrière la solennité, une question taraude l’opinion : cette nouvelle législature parviendra-t-elle à retisser la confiance entre les institutions et un peuple meurtri par les tensions électorales ?

Une session placée sous le signe de la continuité et du recueillement

Le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril, n’a pas mâché ses mots. Dès l’ouverture, il a invité les députés à observer une minute de silence en mémoire de l’honorable Abe Michael Ndra, assassiné récemment dans des conditions tragiques.
« Ce crime barbare nous rappelle que la paix reste notre bien le plus précieux », a déclaré le Très Honorable, visiblement ému.

Cette note solennelle donne le ton d’une session parlementaire où émotion et politique s’entremêlent. Dans un hémicycle plein à craquer, le président du Sénat, le Premier ministre et plusieurs diplomates étrangers ont salué la mémoire du défunt député, tout en soulignant « le courage des forces de sécurité face aux défis de l’unité nationale ».

La prestation de serment de Paul Biya, un moment très attendu

Selon la Constitution, la prestation de serment du président élu doit intervenir dans les quinze jours suivant la proclamation officielle des résultats.
Le Conseil constitutionnel ayant confirmé, le 27 octobre 2025, la victoire de Paul Biya avec 53 % des voix, la cérémonie devrait se tenir au plus tard le 9 novembre devant le Parlement réuni en congrès.

Cette étape, au-delà du symbole, marque le lancement officiel du huitième mandat consécutif du chef de l’État.
« Le budget 2026 sera le premier du septennat des Grandes Espérances », a précisé Cavaye Yéguié Djibril, appelant à un budget « réaliste et en phase avec les attentes du peuple ».

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Un discours teinté de défense du bilan présidentiel

Fidèle à son style, Cavaye Yéguié Djibril a rappelé « les acquis du multipartisme instauré par Paul Biya depuis 1990 » et félicité ELECAM, le Conseil constitutionnel ainsi que « tous les candidats qui ont accepté le verdict des urnes ».
« Le scrutin du 12 octobre s’est globalement déroulé dans le calme », a-t-il affirmé, tout en dénonçant « les actes isolés de violence » qui ont endeuillé certaines régions du pays.

Une pique à peine voilée a été lancée à certains opposants :

« Aucun candidat n’a le droit de pousser les jeunes à la contestation et à la destruction des biens publics. »

Cette déclaration, largement applaudie dans l’hémicycle, a suscité des réactions partagées dans l’opinion, certains y voyant une tentative d’étouffer le débat sur les dérives post-électorales.

Loi de finances 2026 : entre promesses et réalités

Le second grand enjeu de cette session reste le vote du budget 2026, dont la préparation a été encadrée par la circulaire présidentielle du 18 juillet 2025.
Ce texte fixe les priorités économiques et sociales de la nouvelle décennie : croissance inclusive, développement rural, renforcement des infrastructures et amélioration du climat des affaires.

L’article 2 de ladite circulaire souligne que « le budget 2026 s’inscrit dans la continuité de la Stratégie nationale de développement 2020–2030 (SND30) ».
Mais dans les couloirs de l’Assemblée, certains députés murmurent déjà leurs inquiétudes : « Les projections sont ambitieuses, mais les marges budgétaires restent limitées », confie un parlementaire de l’Ouest.

Un contexte politique sous haute tension

Si la majorité présidentielle célèbre la victoire du chef de l’État, les plaies de la crise post-électorale restent béantes. Les violences dans certaines villes de l’Ouest et du Nord-Ouest ont laissé des traces profondes.
Le président de l’Assemblée a d’ailleurs reconnu « la douleur des familles des victimes » et salué « le professionnalisme des forces de l’ordre ».

Ce climat de tension donne une dimension particulière à cette session : entre légitimité institutionnelle et apaisement national, le Parlement est appelé à jouer un rôle clé dans la reconstruction de la confiance.
Comme l’a glissé un observateur politique à Yaoundé : « Plus que jamais, la stabilité du Cameroun se jouera dans la manière dont le pouvoir gère la transition post-électorale. »

Entre hommage, réélection et préparation du budget 2026, la session parlementaire de novembre 2025 s’annonce comme un tournant.
Le Cameroun entre dans une nouvelle phase de son histoire politique, avec un chef de l’État confirmé mais un pays profondément marqué par les fractures sociales.
La question est désormais sur toutes les lèvres : ce nouveau septennat tiendra-t-il ses promesses d’espérance et de réconciliation nationale ?



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