Alors que le Cameroun se remet à peine des secousses post-électorales d’octobre 2025, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) appelle à célébrer, le 6 novembre 2025, le 43ᵉ anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir.
Dans un communiqué signé par Jean Nkuete, le parti au pouvoir convie militants, cadres et sympathisants à marquer l’événement « sous le signe de la grandeur et de l’espérance ».
Mais sur le terrain, le climat reste tendu après les villes mortes décrétées par Issa Tchiroma et les émeutes à Banyo.
La fête du RDPC parviendra-t-elle à effacer les stigmates d’un pays fracturé ?
Une célébration sous le signe de la fidélité au chef
Le communiqué officiel du RDPC, publié le 3 novembre à Yaoundé, annonce une journée de célébration solennelle et populaire.
« Ce scrutin, remporté de haute lutte par le candidat du RDPC, consacre la volonté du peuple de poursuivre le développement du Cameroun dans la paix et l’unité », écrit Jean Nkuete.
Le texte salue la “victoire historique” du 12 octobre 2025, qui a reconduit Paul Biya à la magistrature suprême.
Des manifestations festives sont prévues à travers les sections locales du parti, sous la supervision des chefs de délégations permanentes du Comité central.
Toutefois, dans certaines régions du Nord et de l’Ouest, la population reste sur ses gardes, redoutant de nouvelles tensions.
Contexte tendu : entre festivités et frustrations
L’appel à la célébration survient dans un climat politique marqué par la contestation d’Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième à la présidentielle.
Ses appels à la désobéissance civile et les villes mortes du 3 au 5 novembre ont paralysé plusieurs villes, notamment Banyo, Garoua et Ngaoundéré.
Des incidents graves ont éclaté à Banyo, où le préfet a été pris à partie et des bâtiments du RDPC incendiés.
« On ne peut pas parler de fête quand le pays brûle », glisse un militant dubitatif du parti à Douala.
Pour beaucoup, cette célébration intervient alors que le fossé entre le pouvoir et une partie de la population semble se creuser davantage.
Jean Nkuete mobilise la base du RDPC
Le secrétaire général du RDPC, figure clé du dispositif partisan, appelle les militants à faire front uni derrière Paul Biya, qu’il présente comme le symbole de la stabilité nationale.
« L’heure n’est pas à la division mais à la loyauté », martèle un cadre du parti contacté par 237online.com.
Cette posture vise à resserrer les rangs face aux critiques de l’opposition et à montrer une image d’unité avant la prestation de serment du président réélu.
Mais sur le terrain, la ferveur militante contraste avec l’essoufflement populaire : inflation, chômage et insécurité minent le moral des Camerounais.
Le RDPC s’apprête à célébrer 43 ans de règne sous un climat de tensions inédites.
Si le parti au pouvoir promet une fête “de la grandeur et de l’espérance”, la rue, elle, réclame justice et changement.
Entre liesse officielle et colère populaire, le Cameroun se retrouve face à son propre paradoxe : une stabilité proclamée mais un peuple en ébullition.
La vraie question est désormais : le 6 novembre sera-t-il une fête nationale ou un test de résistance politique ?

