Ce jeudi 6 novembre 2025, date hautement symbolique pour le Cameroun, Paul Biya va officiellement prêté serment pour un nouveau mandat de sept ans à la tête du pays.
Devant le Conseil constitutionnel et les parlementaires réunis en Congrès, le chef de l’État va juré de « remplir fidèlement les devoirs que lui impose la Constitution », renouvelant ainsi son engagement à servir la Nation.
Mais au-delà de la solennité du rituel, cette prestation de serment intervient dans un climat politique tendu, marqué par les contestations post-électorales et les appels aux villes morte.
Le président Biya parviendra-t-il à transformer cette cérémonie en acte d’apaisement national ?
Un serment républicain au Palais des Congrès de Yaoundé
À 11 heures précises, les caméras de la CRTV capteront l’entrée du président Paul Biya au Palais des Congrès, escorté par la Garde présidentielle.
Le chef de l’État, serein, prononcera la formule solennelle devant le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana :
« Je jure de remplir fidèlement mes fonctions, de respecter et de défendre la Constitution et les lois de la République, de garantir l’unité nationale et l’intégrité du territoire. »
L’hymne national, entonné par la fanfare de la Garde, marquera la fin du rituel, suivi d’un tonnerre d’applaudissements de la part des militants du RDPC, nombreux à l’extérieur du bâtiment.
43 ans de pouvoir : continuité ou renouveau ?
La prestation de serment du 6 novembre ne doit rien au hasard : elle coïncide avec le 43e anniversaire de l’accession de Paul Biya au pouvoir, le 6 novembre 1982.
Cette double symbolique — historique et politique — traduit la volonté du régime de placer la réélection sous le signe de la stabilité et de la loyauté.
« Ce n’est pas seulement une cérémonie, c’est la preuve que le Cameroun reste debout », confie un haut cadre du Comité central du RDPC.
Opposition absente, scepticisme présent
Aucun des candidats malheureux, dont Issa Tchiroma Bakary, n’a pris part à la cérémonie.
L’opposition dénonce une victoire contestée et une mise en scène politique.
« Ce n’est pas un serment, c’est une reconduction maquillée », lâche un militant du FSNC joint depuis Garoua.
Dans les rues de Douala et Bamenda, la population observait la cérémonie sur les réseaux sociaux, entre admiration et lassitude.
Le contraste est saisissant : à Yaoundé, des banderoles “Paix et unité retrouvées” ornent les avenues ; ailleurs, la méfiance et la fatigue se lisent sur les visages.
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Un nouveau mandat sous surveillance
Ce huitième mandat consécutif ouvre une période décisive pour un pays en quête de stabilité politique et économique.
Les défis sont nombreux : réconciliation nationale, sécurité dans le Nord-Ouest, emploi des jeunes, et modernisation de l’administration.
« Le président doit marquer l’histoire, pas seulement la répéter », estime un analyste politique de l’Université de Yaoundé II.
Malgré le faste et les chants, le Cameroun de 2025 attend des actes plus que des symboles.
Ce serment du 6 novembre restera-t-il une simple formalité ou le début d’un sursaut politique attendu depuis des années ?

