Cameroun – Réélection de Paul Biya : tensions et colère


La victoire de Paul Biya, proclamée le 27 octobre 2025 par le Conseil constitutionnel, avec 53,6 % des voix, ravive de vieilles plaies dans la mémoire politique camerounaise.
À 92 ans, le chef de l’État entame un huitième mandat dans un climat de tension extrême, marqué par des manifestations à Douala, Garoua, Bafoussam et Bamenda.

« Le peuple a voté pour moi, et je suis le président élu. Ce que nous vivons est une falsification pure et simple », dénonce son principal rival Issa Tchiroma Bakary, crédité de 35,1 %.
Une atmosphère qui rappelle étrangement le scénario contesté de 1992, où le pays s’était déjà embrasé après une présidentielle au résultat disputé.

Tchiroma rejette les résultats et parle de “fraude massive”

Depuis sa résidence de Maroua, encerclée par des centaines de partisans, Issa Tchiroma dénonce ce qu’il appelle « une confiscation de la volonté populaire ».

« Biya doit accepter de partir avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il lancé dans une vidéo virale sur les réseaux sociaux, appelant à la désobéissance civile pacifique.

Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont déjà fait plusieurs blessés à Douala et Garoua. Des barricades ont été dressées dès l’aube, tandis que les appels à la grève générale se multiplient.

À Yaoundé, le pouvoir reste silencieux, mais plusieurs sources sécuritaires confirment la montée d’une tension “préoccupante” dans les grandes villes.

Comme un air de déjà-vu : le souvenir brûlant de 1992

La crise actuelle fait écho à celle du 23 octobre 1992, quand John Fru Ndi avait revendiqué la victoire face à Paul Biya, crédité à l’époque de 39,9 % contre 35,9 % pour son adversaire.
Les manifestations qui avaient suivi, notamment à Bamenda, avaient été violemment réprimées, marquant l’un des épisodes les plus sombres de la démocratie camerounaise.

Trente-trois ans plus tard, l’histoire semble bégayer.

« Le peuple crie au vol. Et l’histoire, une fois encore, bégaie », résume un analyste politique contacté par 237online.com.

De nombreux observateurs internationaux dénoncent un système électoral verrouillé, tandis que les partis d’opposition appellent à une réforme profonde du code électoral.

Un Cameroun divisé mais résilient

Au-delà de la colère, une partie de la population exprime un sentiment de lassitude politique.
« Nous voulons juste que ça change », confie un jeune manifestant à Douala, drapeau à la main.
Mais d’autres Camerounais prônent la paix et la patience, estimant que le pays ne peut se permettre une nouvelle crise majeure.

Alors que Paul Biya savoure sa victoire et que Tchiroma crie à la fraude, le Cameroun se retrouve à nouveau à la croisée des chemins.
Entre mémoire douloureuse et avenir incertain, une question s’impose :
le pays pourra-t-il enfin rompre avec le cycle des crises post-électorales ?



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