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Sodecoton : la chute du naira favorise le retour des producteurs dans le circuit formel


(Investir au Cameroun) – Selon la note de conjoncture économique du premier trimestre 2025 publiée par le ministère des Finances, la dépréciation structurelle du naira nigérian continue d’avoir un impact marqué sur l’économie camerounaise, en particulier dans les zones frontalières. Entre 2010 et 2025, la valeur de la monnaie nigériane face au franc CFA a chuté de près de 90 %, passant de 3,29 FCFA à 0,39 FCFA pour un naira. Cette dépréciation prolongée, aggravée par une nouvelle dévaluation de 40 % en 2024, découle des réformes menées à Abuja depuis 2016 pour libéraliser le régime de change en abandonnant le système administré.

Cette évolution monétaire exerce un double effet sur l’économie camerounaise.
D’une part, la baisse du naira a rendu les produits nigérians moins coûteux sur les marchés locaux, favorisant un afflux de biens à bas prix, dont le carburant de contrebande, appelé localement zoua-zoua. Cette situation a limité la hausse des prix du carburant illicite après la suppression des subventions au Nigeria. « La dépréciation du naira a atténué l’impact de la hausse des prix du “zoua-zoua”, consécutive à la suppression des subventions sur les carburants au Nigeria », souligne le rapport du Minfi.

D’autre part, cette chute du naira a eu un effet positif sur la filière cotonnière camerounaise. L’appréciation du franc CFA vis-à-vis de la monnaie nigériane a rendu moins rentable la contrebande du coton vers le Nigeria, poussant de nombreux producteurs à réintégrer le circuit formel géré par la Sodecoton. Le ministère des Finances note que cette évolution a permis à l’entreprise publique de mieux encadrer la production et de réduire les pertes financières liées aux ventes illicites.

Traditionnellement, une part importante du coton camerounais était écoulée au Nigeria, où les prix, plus attractifs, encourageaient les producteurs à contourner le dispositif national. Mais la chute du pouvoir d’achat au Nigeria et la faiblesse persistante du naira rendent désormais cette option moins avantageuse, entraînant une restructuration progressive de la filière au profit du Cameroun.

Par ailleurs, malgré la dépréciation du naira, « le déficit commercial bilatéral entre le Cameroun et le Nigeria s’est significativement réduit ces dernières années, notamment en raison de la baisse des importations d’huiles brutes de pétrole, consécutive à l’arrêt des activités de la SONARA après l’incendie de 2019 », précise le document.

Enfin, la chute du naira apparaît comme une opportunité pour consolider le circuit formel du coton et améliorer le contrôle de la filière par la Sodecoton. Selon les prévisions de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), la production cotonnière camerounaise pourrait atteindre 350 100 tonnes en 2025, confirmant la reprise progressive du secteur.

Amina Malloum





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