Depuis mercredi soir, le Cameroun connaît une perturbation majeure d’Internet, affectant l’accès aux réseaux sociaux, aux messageries et à plusieurs services en ligne. Cette panne survient dans un contexte hautement sensible, alors que la nation attend la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025.
De Douala à Garoua, en passant par Yaoundé, de nombreux citoyens expriment leur frustration : « On ne peut plus rien envoyer, ni recevoir ! », s’indigne un commerçant à Bonapriso. Cette coupure, rappelant celle de 2017 dans les régions anglophones, relance le débat sur la liberté numérique au Cameroun.
Une panne qui tombe au pire moment
Selon plusieurs sources techniques, la perturbation a débuté mercredi 22 octobre vers 21h, touchant simultanément les opérateurs MTN, Orange et Camtel.
« Le trafic sortant vers l’international a chuté de plus de 70 % », indique un ingénieur des télécoms sous anonymat.
Les utilisateurs de WhatsApp, Facebook et X (ex-Twitter) ont été les premiers à signaler les difficultés d’accès. Certains parlent d’un blocage ciblé plutôt que d’une simple panne technique.
Cette situation intervient alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à publier les résultats officiels de l’élection présidentielle, prévue pour le 27 octobre 2025.
Entre rumeurs et tension post-électorale
Dans la rue comme en ligne, la confusion règne.
Des internautes évoquent une “mesure de sécurité nationale”, tandis que d’autres y voient une tentative d’étouffer les contestations.
« Ce n’est pas normal que l’État coupe Internet chaque fois que la situation devient sensible », déplore un militant des droits numériques basé à Yaoundé.
Les ONG locales, telles que Internet Society Cameroon Chapter et Access Now, ont rapidement appelé à la restauration immédiate de la connexion.
Elles rappellent que le Cameroun figure déjà parmi les pays africains les plus sanctionnés pour les coupures d’Internet à motif politique, notamment lors des crises de 2017 et 2020.
Sur le plan économique, les entreprises dénoncent aussi des pertes importantes, estimées à plusieurs centaines de millions de FCFA par jour.
Le spectre du “blackout politique”
Pour plusieurs observateurs, cette panne n’est pas anodine :
« À chaque moment critique, la coupure d’Internet devient un outil de contrôle politique », analyse un chercheur en gouvernance numérique.
Les experts avertissent qu’un tel “blackout” fragilise la confiance citoyenne et alimente les rumeurs, surtout dans un contexte post-électoral déjà tendu.
Malgré le silence des autorités, les signaux semblent pointer vers une restriction volontaire de la connectivité.
Alors que le Cameroun retient son souffle avant la proclamation des résultats présidentiels, le pays se retrouve isolé numériquement du reste du monde.
Une coupure qui, pour beaucoup, traduit une peur du chaos, mais aussi un aveu d’inquiétude au sommet de l’État.
Reste une question brûlante : Internet sera-t-il rétabli avant l’annonce des résultats officiels ?
