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Cameroun – Ngaoundéré en flammes avant les résultats


À quatre jours de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle du 12 octobre 2025, Ngaoundéré et plusieurs villes du septentrion ont été secouées par des manifestations d’une rare intensité. Des effigies du président Paul Biya ont été incendiées, tandis que le lamidat de Ngaoundéré a été brièvement envahi par des groupes de manifestants en colère.
« Nous ne voulons plus être ignorés ! », scandaient certains jeunes dans les rues, visiblement excédés par la situation politique et sociale. Faut-il y voir un simple débordement populaire ou le signe d’un malaise plus profond au Nord Cameroun ?

Des scènes de tension inédites dans le septentrion

Les premiers incidents ont éclaté dans la nuit du 23 au 24 octobre, lorsque plusieurs groupes de jeunes ont érigé des barricades dans certains quartiers de Ngaoundéré, notamment Dang, Sabongari et Baladji.

« On a brûlé des pancartes et des drapeaux en signe de colère », témoigne un étudiant de l’Université de Ngaoundéré.

Les manifestants dénoncent le manque de transparence du processus électoral et l’absence de réponse des autorités face à leurs revendications.
À Garoua et Maroua, des rassemblements similaires ont été signalés, même si la situation y semblait plus contenue grâce à une forte présence sécuritaire.

Les autorités locales parlent de “troubles orchestrés”, tandis que des observateurs évoquent plutôt un ras-le-bol social accumulé.

Ngaoundéré brûle, Internet coupé : un climat explosif

Les vidéos partagées avant la coupure d’Internet montrent des foules en colère brûlant des effigies du président Paul Biya, un geste fort et symbolique dans une région historiquement considérée comme bastion du régime.

« Les jeunes ne supportent plus le mépris et les promesses non tenues », confie un enseignant du lycée classique, contraint de fermer son établissement « par mesure de prudence ».

Des témoins parlent aussi de l’envahissement du lamidat, avant que les forces de sécurité ne reprennent le contrôle du site.
Les autorités ont appelé au calme, tout en mettant en garde contre toute “instrumentalisation politique des événements”.

La peur du chaos avant la proclamation officielle

Alors que le Conseil constitutionnel doit proclamer les résultats le 27 octobre 2025, le septentrion retient son souffle.
La situation à Ngaoundéré inquiète jusque dans les chancelleries étrangères, plusieurs diplomates évoquant “une montée du mécontentement” dans une région longtemps restée loyale au pouvoir.

« C’est une explosion du désespoir social plus qu’un acte politique », estime un chercheur en sciences sociales basé à Yaoundé.

Les appels au dialogue se multiplient, mais la tension demeure palpable. L’armée continue de patrouiller dans les zones sensibles pour éviter un embrasement généralisé.

Les événements de Ngaoundéré traduisent un tournant majeur dans la crise post-électorale camerounaise.
Jamais cette région n’avait connu une telle effervescence. Le feu de la colère populaire s’est allumé, et nul ne sait encore s’il sera contenu avant la proclamation des résultats.
Le Cameroun, une fois de plus, se retrouve suspendu entre espoir démocratique et peur du chaos.



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