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Cameroun – Douala : interdiction des motos-taxis choc


À Douala, la décision du préfet du Wouri d’interdire les motos-taxis crée une onde de choc. Depuis le 22 octobre 2025, malgré l’arrêté signé par Sylyac Marie Mvogo, les conducteurs continuent de circuler dans plusieurs quartiers. « On ne peut pas immobiliser la ville sans solution alternative », s’indigne un habitant de Ndokoti. Dans la capitale économique, où chaque minute compte, cette mesure est perçue comme un frein à la survie quotidienne. La question se pose désormais : jusqu’où ira ce bras de fer entre l’administration et le peuple de Douala ?

Une interdiction ignorée dans les quartiers populaires

À Deido, Akwa, Bonabéri ou encore Ndokoti, les klaxons des motos-taxis résonnent toujours. Ce mercredi 22 octobre, les conducteurs ont bravé l’interdiction, transportant passagers et marchandises sans crainte apparente.
Selon plusieurs témoins, la mesure préfectorale reste « lettre morte ».
« Les motos-taxis, c’est le sang de Douala », lance un jeune conducteur casqué, visiblement fatigué mais déterminé.
Pour lui, cette décision traduit une déconnexion totale entre les bureaux climatisés de l’administration et la réalité du terrain.

Dans un contexte de routes dégradées et de transports publics défaillants, les motos-taxis demeurent le moyen le plus rapide et accessible pour les habitants des zones enclavées. À la tombée de la nuit, les files de mototaxis continuent de se former au carrefour Ndokoti, au mépris de tout arrêté préfectoral.

« Une mesure qui étrangle l’économie urbaine »

L’interdiction survient à un moment sensible : la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. Officiellement, l’objectif est d’éviter les débordements et d’assurer la sécurité durant cette période.
Mais pour de nombreux citoyens, c’est une sanction collective injuste.
« Le préfet veut calmer les esprits, mais il étrangle les ventres », déplore un commerçant de Deido.

D’après plusieurs syndicats, le secteur du mototaxi emploie plus de 40 000 jeunes rien qu’à Douala. Une suspension brutale équivaut à un chômage instantané pour des milliers de familles.
« Cette mesure du préfet est un échec d’écoute sociale », résume un leader syndical local, estimant que la concertation aurait pu éviter la colère montante.

Pour les habitants, cette décision prouve une fois de plus que l’économie informelle reste le moteur silencieux de la ville. « Sans les motos, Douala s’arrête », confie un habitant du quartier Bonapriso, inquiet pour la suite.

Une crise entre autorité et réalité du terrain

Le préfet du Wouri justifie son arrêté par le contexte sécuritaire lié à la période électorale et à la prestation de serment du président.
Cependant, aucun dispositif alternatif n’a été prévu pour compenser l’absence des motos. Résultat : embouteillages monstres, retards massifs et hausse des tarifs des taxis classiques.
Un constat amer pour les usagers : « On paie le prix fort d’une décision mal pensée », murmure une mère de famille rencontrée à Akwa.

À mesure que la tension monte, la question persiste : cette interdiction, mal comprise et mal appliquée, ne risque-t-elle pas d’attiser davantage la frustration sociale ?

En voulant garantir l’ordre, le préfet du Wouri a déclenché une nouvelle bataille urbaine. Entre nécessité sécuritaire et réalité économique, la ville de Douala semble prise au piège d’une mesure impopulaire.
La survie quotidienne peut-elle se plier aux contraintes administratives sans dialogue ?
Le débat reste ouvert.



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