Les chiffres officiels sont tombés : Paul Biya est donné vainqueur avec 53,66 % des voix, selon la Commission nationale de recensement des votes.
Mais à Garoua comme à Yaoundé, les réactions s’enflamment. Le candidat du FSNC, Issa Tchiroma Bakary, rejette catégoriquement ces résultats et revendique « une victoire volée ».
Une bataille des chiffres s’engage alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à trancher. Le Cameroun, une fois de plus, est suspendu à un verdict politique décisif.
Qui dit vrai ? Et jusqu’où ira cette contestation ?
🗳️ Paul Biya donné vainqueur selon la commission nationale
Huit jours après le scrutin du 12 octobre 2025, la Commission nationale de recensement des votes, présidée par Émile Essombé, a rendu son rapport final.
Selon les chiffres compilés à partir des 58 commissions départementales et de la diaspora, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Paul Biya, arrive en tête avec 2 474 179 voix, soit 53,66 % des suffrages.
Derrière lui, Issa Tchiroma Bakary du FSNC totaliserait 35,19 % (1 622 334 voix).
Le reste du classement est dominé par Cabral Libii (3,41 %), Bello Bouba Maïgari (2,45 %), Tomaino Ndam Njoya (1,66 %), Joshua Osih (1,21 %), Ateki Seta Caxton (0,87 %), Serges Espoir Matomba (0,35 %), et d’autres candidats n’atteignant pas 1 %.
« Nous avons agi conformément à la loi. Les procès-verbaux d’Elecam font foi », a déclaré un membre de la commission sous anonymat.
Le rapport, signé le 20 octobre, a été transmis dans la foulée au Conseil constitutionnel, chargé d’officialiser les résultats au plus tard le 26 octobre.
⚠️ Issa Tchiroma Bakary conteste : « C’est un hold-up électoral ! »
Du côté du FSNC, le ton est monté.
Issa Tchiroma Bakary refuse les chiffres annoncés et revendique la victoire avec près de 60 % des voix, selon ses propres compilations.
Sur les réseaux sociaux, son équipe de communication a publié plusieurs procès-verbaux de bureaux de vote provenant de 18 départements clés, représentant environ 80 % de l’électorat national.
« Comment expliquer un taux de participation de 90 % dans les zones de conflit ? Ce n’est pas du jeu ! », a réagi Parfait Mbvoum, mandataire du FSNC, après avoir quitté la salle de dépouillement.
Selon le parti, certains résultats dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont « statistiquement impossibles », évoquant des taux de participation de 92 % et des scores avoisinant 99 % pour Paul Biya.
Les observateurs indépendants ont également pointé du doigt plusieurs incohérences dans les procès-verbaux de la diaspora et du Logone-et-Chari, ce qui a conduit à un recomptage partiel.
« Nous avons quitté la salle pour protester contre ce simulacre. Le peuple n’est pas dupe », a ajouté Mbvoum.
🔍 Bataille de chiffres et tension croissante avant le verdict
Alors que le Conseil constitutionnel prépare les audiences de contentieux électoral, le climat devient électrique.
Sur Facebook et X (ex-Twitter), les hashtags #Tchiroma2025 et #RésultatsCameroun explosent.
Les militants du FSNC brandissent leurs propres chiffres, tandis que ceux du RDPC appellent à « respecter la légalité républicaine ».
Dans les rues de Douala et Yaoundé, les conversations tournent autour d’une même question :
« Qui dit vrai entre la commission et l’opposition ? »
Les autorités, elles, appellent au calme et à la patience, rappelant que seul le Conseil constitutionnel détient la vérité des urnes.
En attendant, le pays tout entier semble marcher sur un fil.
La crainte d’un embrasement est réelle, mais la majorité espère une sortie pacifique.
🕊️ Entre victoire officielle et doute populaire
Les jours à venir seront décisifs pour l’avenir politique du Cameroun.
Le verdict du Conseil constitutionnel ne dira pas seulement qui a gagné, mais aussi jusqu’où les institutions peuvent restaurer la confiance du peuple.
Car une chose est sûre : la bataille ne se joue plus seulement dans les urnes, mais aussi dans les cœurs.
Le Cameroun saura-t-il tourner la page sans heurts ?
