Produits pharmaceutiques : le Cameroun lance la construction d’une usine de 30 milliards de FCFA pour réduire ses importations


(Investir au Cameroun) – Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté, a présidé le 3 octobre 2025 à Meyo, bourgade de Yaoundé, la capitale du pays, la cérémonie de pose de la première pierre d’une usine de fabrication de produits pharmaceutiques. Porté par le Camerounais Idriss Confiance Mbé, ce projet, qui devrait permettre de créer entre 300 et 500 emplois directs selon les projections officielles, est réalisé en partenariat avec la firme chinoise Yicheng Pharmaceutical Group Fabrication Co.

L’usine, dont la construction est annoncée sur 15 mois, coûtera au total 30 milliards de FCFA. Les financements proviennent à la fois des fonds propres des promoteurs, des banques et d’autres investisseurs étrangers et locaux. Cette unité industrielle, dont la livraison est prévue au mois de septembre 2027, sera dotée d’une capacité de production annuelle de 100 millions de flacons de perfusion, 2 milliards d’ampoules injectables et 10 milliards de comprimés, pour 100 références de médicaments et dispositifs médicaux, indiquent les promoteurs.

« L’histoire de l’industrie pharmaceutique camerounaise, bien que jalonnée d’initiatives louables depuis plusieurs décennies, avec quelques pionniers courageux produisant des médicaments génériques et des antibiotiques, n’a jamais connu un projet de cette envergure, et surtout de cette portée stratégique pour l’avenir sanitaire de notre nation », soutient Idriss Confiance Mbé. Avant de poursuivre : « Les statistiques dressent un tableau à la fois préoccupant et mobilisateur : plus de 90 % des médicaments consommés au Cameroun proviennent de l’étranger. Cette dépendance entraîne des ruptures d’approvisionnement, des coûts prohibitifs, la prolifération de contrefaçons dangereuses, une perte massive de devises et une vulnérabilité stratégique pour la santé publique. »

Import-substitution

Selon le Premier ministre, le gouvernement apporte son soutien à cette initiative privée parce qu’elle vise à réduire la dépendance du Cameroun vis-à-vis de l’étranger. Pour illustration, d’après les données de l’Institut national de la statistique (INS), le pays a importé pour 170 milliards de FCFA de produits pharmaceutiques en 2024, en hausse de 3,3 milliards de FCFA en glissement annuel. Pour le seul premier trimestre 2025, révèle le statisticien public, le Cameroun a importé pour 41 milliards de FCFA de produits pharmaceutiques, contribuant ainsi à creuser les réserves extérieures et à déséquilibrer la balance commerciale.

Sous cet angle, le projet en cours d’implémentation sur un site de 5 hectares dans la localité de Meyo revêt une importance certaine, dans la mesure où il participe à la promotion de l’import-substitution, encouragée depuis quelques années par l’État du Cameroun. Concrètement, cette politique consiste à réduire les importations massives en développant la production locale.

Au demeurant, malgré sa portée stratégique, l’usine construite au Cameroun par le chinois Yicheng Pharmaceutical Group Fabrication Co évoluera dans un environnement miné par la contrebande, qui impose une concurrence déloyale aux producteurs. Ensuite, la survie de l’industrie pharmaceutique au Cameroun dépend essentiellement des commandes de la Cename. Or, lorsqu’elles ne sont pas rares, les commandes de cette centrale d’achat publique sont souvent payées en retard, réduisant les marges de manœuvre des producteurs vis-à-vis de leurs fournisseurs. Enfin, depuis 2018, le gouvernement a institué un droit d’accises sur les emballages non retournables, dont l’application est fréquemment source de frictions entre le fisc et les producteurs de médicaments.

Selon ses promoteurs, l’usine de produits pharmaceutiques en construction à Meyo n’est que la première phase d’un projet plus vaste, qui sera implémenté jusqu’en 2035. Après la livraison du chantier en septembre 2027, seront aussitôt lancés les travaux d’extension et de construction d’un complexe hospitalier ultramoderne. Entre 2031 et 2035 suivra la mise en place d’un réseau de pharmacies couvrant l’ensemble de la zone Cemac. Ces deux dernières phases, qui devraient coûter plus de 500 milliards de FCFA, permettront de créer plus de 1 000 emplois au total, selon les promoteurs.

Brice R. Mbodiam

Lire aussi:





05-09-2023 - Production des médicaments : Africure asphyxié par un redressement fiscal d’un milliard, des impayés et un incendie  
19-09-2024 - Médicaments : les importations du Cameroun croissent de 58 % en 14 ans pour atteindre 166,6 milliards de FCFA en 2023




03-10-2022-Industrie pharmaceutique : la filiale au Cameroun du Français Sanofi mise en liquidation05-10-2021-Produits pharmaceutiques : la contrebande et la contrefaçon accusées de plomber l’industrie locale





Source link

View Kamer

FREE
VIEW