Cameroun – La farine locale s’impose ► vers la souveraineté alimentaire


Bonne nouvelle pour les boulangers camerounais ! Le gouvernement vient de lancer à Yaoundé un vaste projet visant à promouvoir l’utilisation de farines locales dans la production du pain et des viennoiseries.
Financé à plus de 67 millions de FCFA, ce programme ambitionne de réduire la dépendance au blé importé. « Nous avons le manioc, le maïs, la patate douce… Pourquoi continuer à importer ? », s’interroge une pâtissière de Nkolbisson.
Mais cette initiative ambitieuse réussira-t-elle à changer durablement les habitudes des artisans et des consommateurs ?

Un tournant vers la souveraineté alimentaire

La cérémonie officielle, présidée par le Service d’appui aux initiatives locales de développement (SAILD) et l’ACDIC, a marqué une étape majeure dans la politique d’import-substitution engagée par le Cameroun.
L’objectif : renforcer les boulangeries artisanales utilisant des farines issues du manioc, du sorgho, du mil ou de la patate douce.

« Nous devons produire ce que nous consommons », a martelé un responsable du projet, soulignant que plus de 400 boulangeries seront accompagnées à travers le pays.
Le programme entend offrir une plateforme d’échanges entre boulangers, producteurs et transformateurs afin de booster la compétitivité de la filière.

Une réponse aux crises mondiales du blé

Depuis la guerre en Ukraine, le prix du blé a explosé sur les marchés internationaux, mettant à mal les petits artisans.
Selon les experts, le Cameroun dépense près de 80 milliards de FCFA par an pour importer cette céréale.
« Ce n’est pas du jeu, nous devons miser sur nos produits locaux », a lancé une boulangère de Mvog-Ada, expliquant qu’un mélange de 30 % de farine de manioc et 70 % de blé donne un pain « tout aussi moelleux ».

Le projet s’inscrit dans le cadre du Plan quinquennal 2024-2028, doté de 417 milliards de FCFA, destiné à stimuler la production et la transformation du blé sur le sol national.
En parallèle, le gouvernement soutient les producteurs de manioc et de maïs pour garantir un approvisionnement stable.

Des perspectives prometteuses pour les artisans

En plus de la réduction de la dépendance aux importations, l’initiative devrait créer de la valeur ajoutée locale.
Elle vise à :

  • diversifier les sources de revenus pour les agriculteurs,
  • moderniser les unités de transformation,
  • et améliorer la qualité des produits de boulangerie.

Les participants à la rencontre de Yaoundé ont salué « une bouffée d’oxygène pour les petites boulangeries rurales ».
« Nous pourrons enfin valoriser nos champs et produire du pain made in Cameroun », s’est réjoui un agriculteur venu d’Obala.

À travers ce projet, le Cameroun franchit un pas décisif vers sa souveraineté alimentaire.
Reste à voir si cette dynamique tiendra face aux habitudes bien ancrées des consommateurs.
Une chose est sûre : le pain camerounais de demain pourrait bien avoir un goût… de manioc.



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