Orange Cameroun : 157 ex-salariés assignent l’opérateur pour 3 milliards de FCFA de primes impayées


(Investir au Cameroun) – Ce 18 septembre, le tribunal de première instance de Douala-Bonanjo ouvre une audience qui pourrait faire date dans les relations sociales au Cameroun. En cause : une plainte déposée par le Syndicat national autonome des travailleurs des nouvelles technologies de l’information et de la communication (Syntic) contre Orange Cameroun et son directeur général, Patrick Benon Omontetcho. Le litige porte sur le non-paiement des primes d’ancienneté prévues par la convention collective de 2010.

Selon ce texte, chaque salarié doit percevoir une prime équivalente à 4 % de son salaire de base après deux ans de service, majorée de 2 % supplémentaires par année d’ancienneté, sans plafond. Mais le Syntic accuse l’opérateur de télécommunications d’avoir calculé ces primes sur la base de l’échelon salarial le plus bas, réduisant mécaniquement les montants dus. Résultat, estime le syndicat : plus de 3 milliards de FCFA auraient échappé aux salariés entre 2010 et 2019. Le Syntic exige désormais un paiement intégral.

Une bataille juridique à rallonge

L’affaire n’a pas jailli du jour au lendemain. « Le Syntic a d’abord saisi l’inspection du travail de Douala pour une tentative de conciliation. Mais l’employeur a toujours joué au dilatoire », accuse Koungou Corneille, président du syndicat. Après un procès-verbal de non-conciliation signé à la DRTSS du Littoral, le dossier a été confié à la Chambre d’arbitrage. Là encore, rien n’a avancé jusqu’en 2025. « En concertation avec notre avocat, nous avons alors décidé d’utiliser la procédure de citation directe, validée par le procureur de la République puis par le procureur général », poursuit le leader syndical.

Le conflit avait déjà connu un tournant en 2017. Cette année-là, le ministère du Travail avait reconnu la légitimité des revendications, contraignant Orange Cameroun à admettre une « erreur d’appréciation ». L’opérateur avait promis une régularisation et procédé à un rappel partiel en octobre 2017. Mais pour le syndicat, il ne s’agissait que d’un « saupoudrage » : certains employés n’avaient perçu qu’une fraction de leurs droits.

157 ex-salariés concernés

Après plusieurs tentatives infructueuses de médiation auprès du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, le Syntic a donc choisi la voie judiciaire. Il demande désormais la désignation d’un expert indépendant pour recalculer les sommes dues aux salariés et à leurs ayants droit. Le dossier concerne au total 157 anciens employés ayant quitté la filiale camerounaise de la multinationale avant 2019.

Au-delà des chiffres, le procès prend une dimension symbolique : il interroge la capacité des organisations syndicales camerounaises à imposer le respect du droit du travail face à une multinationale. Dans un secteur des télécoms où les marges financières sont conséquentes mais où les relations sociales restent souvent tendues, l’issue du dossier sera scrutée de près par l’ensemble des acteurs économiques.

Au moment où nous mettions cet article en ligne, Orange Cameroun n’avait pas donné suite à nos sollicitations.

Amina Malloum

Lire aussi :

11-08-2025 – Contrefaçon de droit d’auteur : Orange Cameroun condamné à payer plus de 500 millions FCFA à l’artiste Ama Pierrot

01-08-2025 – Micro-crédits : Orange Money cible plus de 11 millions de clients au Cameroun grâce au partenariat avec la fintech JUMO

07-07-2025 – Qualité de service : le régulateur télécoms inflige des amendes de 2,6 milliards de FCFA à MTN et Orange Cameroun





Source link

View Kamer

FREE
VIEW