(Investir au Cameroun) – La Société de développement du coton du Cameroun (Sodecoton) et l’Observatoire national sur les changements climatiques (Onacc) ont signé un accord-cadre de cinq ans pour renforcer la résilience de la production cotonnière face aux impacts du changement climatique, ont annoncé les deux institutions le 16 septembre.
Au Cameroun, la hausse des températures, la baisse des précipitations et l’irrégularité des saisons de pluie fragilisent fortement l’agriculture. Selon l’Onacc, les trois dernières décennies ont été marquées par une diminution continue des pluies, l’allongement des saisons sèches et la multiplication d’événements extrêmes tels que sécheresses et inondations.
Ces bouleversements affectent directement la filière cotonnière, pilier économique du septentrion camerounais. En 2024, les pertes enregistrées dans la région de l’Extrême-Nord ont atteint près de 13,8 milliards FCFA pour le coton et 8,8 milliards FCFA pour l’oignon, selon des données évoquées par la Sodecoton.
Le coton, l’une des cultures de rente du Nord, souffre notamment du stress hydrique, de la mauvaise germination liée à l’irrégularité des pluies, de l’avortement des fleurs et capsules dû aux fortes chaleurs, ainsi que de la prolifération accrue des ravageurs. La qualité de la fibre est également affectée, avec un impact sur la valeur marchande.
« C’est en raison de ces constats que la nécessité de réponse à ces problématiques représente une contrainte très forte pour la Sodecoton, qui sollicite l’appui technique de l’Onacc afin de mieux adapter ses activités. D’où la signature de cet accord-cadre de collaboration entre les deux institutions », explique la Sodecoton.
L’accord prévoit plusieurs axes de coopération, dont le suivi climatique et la production de services climatologiques, l’évaluation du coût économique des perturbations, le verdissement des activités de la Sodecoton, l’échange de données et la sensibilisation des producteurs. Les deux parties entendent également mobiliser des financements pour mettre en œuvre les actions prévues.
Selon la Stratégie de financement des risques de catastrophes publiée par le ministère des Finances (Minfi), les inondations et les sécheresses causent chaque année au Cameroun des pertes économiques directes évaluées à près de 140 milliards FCFA. Les seules inondations génèrent en moyenne entre 74,7 et 115 milliards FCFA de pertes annuelles, dont près de 90 % touchent les secteurs du logement, des transports, de la production et des services, contre seulement 10 % pour l’agriculture (environ 20 millions USD). Entre 2019 et 2024, les catastrophes naturelles ont détruit quelque 49 450 hectares de cultures, accentuant la vulnérabilité des ménages ruraux déjà fortement dépendants de l’agriculture.
Rappelons que la Sodecoton, principal acteur de la filière cotonnière au Cameroun, produit chaque année plus de 300 000 tonnes de coton-graine et fait vivre directement ou indirectement près de 2 millions de personnes dans le Nord et l’Extrême-Nord.
Amina Malloum
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