Recensement 2026 : le Cameroun mobilise 13,2 milliards FCFA, loin des 64 milliards initialement prévus


(Investir au Cameroun) – Le gouvernement camerounais a confirmé, le 12 août 2025, la tenue du 4e recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) dès 2026, après plus d’une décennie d’attente. L’opération, validée lors d’une réunion interministérielle présidée par le Premier ministre Joseph Dion Ngute, sera financée à hauteur de 13,28 milliards de FCFA. La Banque mondiale apportera 7 milliards via son programme régional d’harmonisation des statistiques en Afrique, le reste – soit 6,2 milliards – étant pris en charge par l’État camerounais.

Paul Tasong, ministre délégué auprès du Minepat, a assuré que l’enveloppe était déjà sécurisée. « Tout est bouclé, les besoins sont connus, les sources de financements identifiées. Il est juste question de procédures de décaissement », a-t-il déclaré. Le recensement sera couplé à celui de l’agriculture et de l’élevage afin de fournir une cartographie complète des populations et de leurs moyens de subsistance. Après un recensement pilote mené en 2023 pour tester les outils de collecte, les autorités annoncent la mise en place d’enquêtes de vérification pour corriger les doublons et les omissions.

Mais derrière l’annonce officielle, des questions demeurent. Le recensement avait été institué dès 2015 par décret présidentiel, avec un budget évalué à 64 milliards de FCFA. En mars 2024, le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, déclarait encore qu’une enveloppe de 42 milliards avait déjà été mobilisée et qu’il restait à réunir 22 milliards supplémentaires. Or, moins de deux ans plus tard, le gouvernement parle d’un financement total divisé par près de cinq, sans explication claire. Cette réduction drastique soulève des doutes sur l’ampleur réelle du déploiement et la qualité des données qui seront collectées.

Les autorités invoquent les crises sécuritaires dans l’Extrême-Nord, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ainsi que les difficultés budgétaires pour expliquer les retards accumulés. Mais pour de nombreux observateurs, le problème est aussi politique : les projections démographiques actuelles, basées sur le recensement de 2005 qui chiffrait la population à 20 millions d’habitants, sont devenues obsolètes. Elles compliquent l’évaluation des besoins en infrastructures, en éducation, en santé et même la répartition des circonscriptions électorales. Autrement dit, la tenue ou non de ce recensement conditionne à la fois la planification économique et l’équilibre politique du pays.

En exigeant l’accélération des préparatifs, le Premier ministre tente de rassurer sur la volonté du gouvernement de combler ce vide statistique. Si l’ampleur budgétaire réduite laisse planer des incertitudes, ce 4e recensement, attendu depuis vingt ans, pourrait néanmoins constituer un jalon décisif pour doter le Cameroun de données fiables et relancer la planification du développement sur des bases solides.

Frédéric Nonos

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