Commission Karine Ramondy Cameroun dévoile ses conclusions explosives dans un rapport de 1000 pages remis en janvier 2025 sur les violences françaises entre 1945 et 1971. Cette commission mixte franco-camerounaise co-dirigée par l’historienne française et l’artiste camerounais Blick Bassy établit définitivement l’existence d’une « guerre » menée par la France. Les travaux académiques rigoureux s’appuient sur l’ouverture totale des archives françaises promises par Emmanuel Macron en juillet 2022. Une enquête historique sans précédent qui révolutionne la compréhension de la décolonisation camerounaise.
Méthodologie rigoureuse : archives ouvertes, vérité établie
La Commission Karine Ramondy Cameroun bénéficie d’un accès inédit aux sources officielles françaises. « L’engagement solennel d’ouvrir nos archives en totalité à ce groupe d’historiens » pris par Macron à Yaoundé en 2022 se concrétise par cette transparence documentaire exceptionnelle.
Les chercheurs ont retracé « la genèse de l’affrontement entre les autorités coloniales et les oppositions indépendantistes au prisme du temps long de la situation coloniale (1945-1955) ». Cette approche chronologique permet de saisir l’évolution de la répression française.
Le rapport analyse ensuite « le glissement des répressions politique, diplomatique, policière et judiciaire vers la guerre menée par l’armée française (1955-1960) ». Cette escalade documentée démontre la militarisation progressive du conflit.
Les historiens établissent que l’action française « se poursuit malgré la transition politique et l’indépendance du Cameroun (1960-1965) – et même au-delà, l’aide française se maintenant dans le cadre de la coopération (1965-1971) ». Cette continuité post-indépendance révèle l’ampleur de l’intervention.
Bilan accablant : 7500 morts officiels, « dizaines de milliers » réels
Les estimations de la Commission Karine Ramondy Cameroun révèlent l’ampleur des violences françaises au Cameroun. « Le cumul des estimations militaires officielles permet d’évaluer le nombre de combattants tués entre 1956 et 1962 à quelque 7 500 individus », précisent les chercheurs.
Ce chiffre officiel sous-estime probablement la réalité selon les historiens. Le bilan réel pourrait se porter à « plusieurs dizaines de milliers » de victimes camerounaises incluant les civils et les combattants non recensés.
La commission documente également les « déplacements forcés des civils vers des camps dits de regroupement » et les « pratiques de torture » systématiques. Ces méthodes révèlent la brutalité de la répression française contre l’UPC.
Les auteurs précisent qu’ils ne disposent « d’aucune compétence juridique pour qualifier ces pratiques de génocidaires ». Néanmoins, ils affirment qu’« il est indéniable que ces violences ont bien été extrêmes, car elles ont transgressé les droits humains et le droit de la guerre ».
Cette Commission Karine Ramondy Cameroun établit scientifiquement la responsabilité française dans le massacre des maquis de l’UPC. L’assassinat de Ruben Um Nyobe et la destruction systématique du mouvement indépendantiste sont désormais documentés officiellement.
Karine Ramondy salue cette reconnaissance « très attendue » qu’elle considère comme « une réparation symbolique très forte ». Les travaux académiques ouvrent désormais la voie à de nouvelles recherches sur cette période occultée.
Ces révélations historiques permettront-elles enfin une réconciliation mémorielle durable entre la France et le Cameroun ?