Une bruine fine sur le boulevard de la Liberté, un vendeur de beignets hèle les passants. Au même instant, le Fichier électoral Cameroun subit une cure de jouvence inédite. Entre rumeurs de doublons et promesses de transparence, l’enjeu paraît simple : restaurer la confiance avant la présidentielle de 2025. Mais que cache vraiment cette opération ? Décryptage exclusif.
Un chantier titanesque, mais pourquoi maintenant ?
Selon nos sources bien informées à ELECAM, 8 219 210 électeurs figurent aujourd’hui dans la base provisoire. Une armada d’agents sillonne les sous-préfectures, tablettes en main. Phrase nominale : Contrôle d’identité, suppression des défunts, fusion des doublons. « C’est un miracle, je vous le dis ! », s’exclame Mireille, commerçante à carrefour Emombo, encore surprise de voir son nom corrigé sur la liste collée au mur ocre. Allô-molo, rien n’était gagné. En coulisses, le gouvernment peine à convaincre les sceptiques ; la précédente révision de 2023, lente comme un taxi-brousse en saison des pluies, avait laissé un goût amer.
Terrain, sueur et algorithmes : le cocktail Elecam
« L’odeur du mbongo tchobi au marché Mokolo me suivait jusqu’au bureau », raconte Simon, agent recenseur, encore marqué par les longues files d’attente.
Équipement : scanners portables, connexion 4G parfois capricieuse au cybercafé de Bonabéri. Nouveauté — un algorithme anti-multiplication des identités, développé avec l’appui discret d’un mbenguiste ingénieur à Limbé. Donnée chiffrée : 27 000 dossiers litigieux régularisés depuis mars, soit ≈ 0,33 % du corps électoral. Question : suffisant ? Pas sûr. La société civile réclame un audit indépendant, référence aux grèves de janvier 2024 sur la place du Gouverneur à Bafoussam.
Transparence ou poudre aux yeux ?
Les listes seront affichées « fin août », promet Elections Cameroon. Les citoyens pourront vérifier leur présence en ligne sur Elecam ou au siège communal. Phrase nominale : Stress test démocratique. « C’est ndem si on découvre encore des homonymes », grogne Jean-Claude, tailleur à Essos. Pourtant, Elecam jure que chaque réclamation recevra un accusé de réception digital, QR code à l’appui. Dernier mot aux partis politiques ; l’opposition prévoit déjà 400 observateurs volontaires. Comme un parfum d’avant-match.
À deux ans du scrutin, le Fichier électoral Cameroun se veut exemplaire. Réalité ou illusion d’optique ? Selon la Commission nationale des droits de l’homme, « les signaux sont encourageants, mais vigilance absolue ». Le chrono tourne.
Et vous, pensez-vous que ce toilettage suffira à garantir un vote sans bavure ?